« Car mes yeux ont vu le salut ! ». Ce verset est chanté lors de la dernière prière de la journée et il résonne d’une manière particulière dans l’Évangile de Luc que nous entendons tous les 02 février, à la fête de la Présentation de Jésus au temple. Depuis 1997, cette fête liturgique s’accompagne de la célébration de la journée mondiale de la Vie consacrée. Cette journée fut instituée par saint Jean-Paul II, le 06 janvier 1997, comme fruit du Synode des Évêques sur la Vie consacrée, et de la publication de l’exportation apostolique Vita consecrata, l‘année précédente.
À Rome, cette 24e édition débutera samedi, 01er février, avec la messe célébrée par le Pape François, en la Basilique Saint-Pierre, à 17h. Près de 300 moniales contemplatives devraient y participer, au terme de deux jours d’un colloque organisé par la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique.
Comment peut-on voir le salut ? Comment peut-on voir Dieu, si c’est possible ? Comment peut-on voir l’invisible, si l’invisible toutefois peut se voir ? C’est possible et c’est précisément ce que nous confirme en ces paroles le vieillard Syméon en accueillant l’Enfant Jésus. Tout l’abord, il nous dit qu’il faut recevoir une annonce. Cette annonce fut donnée à Syméon, de la part de l’Esprit Saint, comme d’ailleurs pour chacun et chacune d’entre nous. Mais, vous pourriez me demander, et vous auriez raison : « Où et quand est-ce que L’Esprit Saint m’a fait une annonce personnelle ? »
C’est là que le témoignage de la Vie consacrée peut nous aider à comprendre mieux cette réalité de l’action de l’Esprit Saint qui se manifeste à tous les baptisés sans aucune exclusion. Cette annonce est cachée dans l’extraordinaire force de stabilité, de l’enracinement de la vie consacrée dans une réalité donnée. La stabilité – l’enracinement dans un lieu et dans un temps – ce n’est pas une vie statique et figée, c’est, au contraire, une vie qui se donne pour accompagner les uns et les autres dans la quête incessante du vivre ensemble honnêtement, simplement et joyeusement dans la présence de Dieu.
La Vie consacrée communautaire nous apprend à faire face les uns aux autres dans toutes nos complexités, là où nous sommes, ici et maintenant. Nous devons affronter notre être réel, et non pas notre être imaginaire. Pour cela, l’aide de nos frères et de nos sœurs nous est indispensable. Nous sommes appelés chaque jour à approfondir notre perception de la vie humaine. L’enracinement dans la réalité nous fait saisir que les autres ne disparaîtront pas. Ils ne vont pas partir ! Donc, pas de fuite, il s’agit d’apprendre à vivre ensemble.
On ne peut pas, on ne doit pas « fuir » dans une « autre maison » où on nous « comprendra mieux ». Dans le dialogue on apprend à vivre ensemble, là où nous sommes, en toute fraternité, avec nos complexités. La vie consacrée nous dit que chaque maison religieuse, chaque communauté chrétienne est une épiphanie, une manifestation de la condition humaine réconciliée et transfigurée en Jésus-Christ
Peut-on oser voir, et vivre cela ? « Car mes yeux ont vu le salut ! »
Édouard Shatov
Être sel et lumière ?