Consacrer sa vie au service désintéressé des autres peut être une cause de grande satisfaction personnelle ; on peut y trouver son bonheur. La chose publique offre maintes occasions pour servir ses concitoyens au plan local comme au plan national. Plus humblement, cependant, on aura connu cette institutrice d’un tout petit village qui s’est donnée totalement à ses élèves, ou même cette infirmière qui a vu son travail plus comme une vocation que comme un boulot. C’est une question de disposition intérieure, d’attitude, de convictions. De telles personnes gagnent à être reconnues et appréciées pour leur service dévoué.
Je crois fermement que pour vivre à fond sa vocation chrétienne cette petite musique doit se faire entendre en même temps que l’appel du Seigneur : servir son prochain. Personne ne peut s’attribuer cet honneur. Par contre, quelqu’un qui veut consacrer sa vie au service des autres trouvera sa voie et comblera sa vie. J’ai rencontré une telle personne qui m’a influencé beaucoup. C’était un prêtre tout donné à son ministère : prêcher la Parole de Dieu avec passion, répondre au confessionnal (même au milieu d’un match télévisé de baseball, son seul loisir). Je l’ai vu bondir de son fauteuil et je suis sûr que ce pénitent fut accueilli comme la personne la plus importante de sa journée. Aux funérailles de ce prêtre, les gens n’en finissaient pas de raconter comment il avait été un cadeau précieux dans leur vie.
Le pape François qui nous visitera bientôt a eu un parcours qui ne le destinait pas particulièrement à exercer le ministère universel à la suite de Pierre. Il n’y avait jamais eu de pontife romain venant d’Amérique du Sud. Les rues et les bidonvilles de Buenos Aires, il les connaissait mieux que les corridors du Vatican. Pourtant, après le long règne de Jean Paul II et le plus austère Benoît XVI, l’Église était à un tournant décisif. L’Esprit Saint qui ne manque pas d’imagination se mit à l’œuvre pour inspirer les cardinaux réunis en conclave à choisir cet homme humble mais déterminé pour lancer la barque de Pierre sur une mer de renouveau. C’est lui que nous accueillerons avec joie pour son pèlerinage de réconciliation avec les nations autochtones. Quel geste prophétique!
Il n’existe pas de livre intitulé : Comment devenir un serviteur exceptionnel. Mais il y a quelques qualités de base qui pointent dans cette direction : désintérêt, simplicité, amour inconditionnel, compétence, engagement solidaire, patience, ouverture, tolérance… et une dose d’humour. Tous les baptisés sont convoqués à devenir serviteurs les uns des autres. Voulez-vous relever ce défi ?
Père Gilles Blouin, Assomptionniste
Un amour blessé, mais entêté