Le 16 mars 2025 2e dimanche du carême, année C – Lc 9, 28b-36
L’épisode de la transfiguration nous prépare au Vendredi Saint; nous découvrons que la passion et la mort de Jésus ne sont pas un but mais un passage obligé pour entrer dans la vie nouvelle auprès de Dieu.
Sur la montagne où Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean, apparaissent Moïse et Élie. Moïse, le grand législateur sert de caution à la mission de Jésus. Élie, le défenseur sans compromis de l’Alliance se joint à eux. Ces 2 témoins confirment que Jésus se situe dans la continuité de l’Alliance. Il ne fonde pas une nouvelle religion.
Les apôtres avaient besoin de savoir qu’ils ne déviaient pas de l’Alliance conclue avec leurs Pères. La voix venue du ciel confirme que la Parole de Jésus a priorité sur celle de Moïse. «Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le.»
L’expérience vécue par Pierre et ses compagnons se produit en un moment de crise. Jésus annonce qu’il monte à Jérusalem pour y subir la Passion et mourir. Les disciples ne comprennent pas. Pierre s’y oppose vigoureusement, ce qui lui vaut la rebuffade de Jésus: «Passe derrière moi, Satan… Tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.»
La réaction des apôtres se comprend. Ils connaissent les promesses faites à Abraham et partagent les aspirations de leur peuple. Le sort réservé à Jésus ne répond pas aux attentes d’Israël. L’idée d’un Messie rejeté et torturé ne passe pas.
Moïse et Élie s’entretiennent avec Jésus “de son exode” i.e. de sa passion et de sa mort. Autrefois les Israélites ont traversé le désert pour atteindre la Terre promise. Mais le désert ne fut jamais un but. La passion et la mort ne sont pas un but, mais le passage obligé.
La résistance des disciples rejoint les nôtres. Le message de Jésus nous séduit, mais nous ne comprenons pas ce passage nécessaire par la passion et la mort. Nous n’aimons pas les «exodes», ces passages qui nous dépouillent et nous obligent à lâcher prise et à mettre notre confiance en Dieu seul.
Le langage de la résurrection ne nous rejoint pas. Admettons nous-mêmes que la perspective de la résurrection, la nôtre, n’affleure pas souvent dans le déroulement de nos journées. Comme Pierre, notre horizon se limite à l’immédiat et, souvent, nous y enferme. Ce qui rend nos épreuves plus lourdes à porter.
Par cette expérience spirituelle intense, les apôtres devinent qu’ils doivent suivre Jésus, mais ne comprennent pas. Par cette expérience Jésus préparait ses disciples non seulement à traverser l’épreuve de la passion mais aussi à accueillir l’expérience de la résurrection.
L’invitation «Écoutez-le» s’adresse à nous. Comme les disciples, bien des aspects du message de Jésus, dont en particulier son «exode» et le nôtre, échappent à notre compréhension. En rejoignant Jésus sur la montagne et dans la prière, nous sera révélée la signification de ces exodes qu’il nous faut déjà entreprendre. Contrairement aux disciples d’alors, nous savons que son exode ouvre sur une vie radicalement nouvelle.
Marcel Poirier, a. a.
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