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SOYEZ TOUJOURS DANS LA JOIE !

17 décembre 2023 3e dimanche de l’Avent, année B – Jn 1, 6-8.19-28

Lectures de ce jour

« Qui es-tu ? », « Que dis-tu sur toi-même ? » – ce sont des questions qui agitent notre vie, vis-à-vis des autres ainsi que vis-à-vis de nous-mêmes. Ce sont des questions que nous posons aux autres, à nous-mêmes et cela concerne même Jean Baptiste, ainsi que Jésus Christ, la révélation de Dieu. Ce sont des questions exigeantes et, de préférence, il ne faut pas les prendre à la légère.

C’est d’ailleurs l’attitude de Jean Baptiste, de ne pas prendre les choses essentielles à la légère ! Comme on dit au Québec, « il ne se prend pas pour un autre ! » On dirait que les sondages de l’opinion publique, ou les enquêtes sur son identité ne l’intéressent guère. Les grands de ce monde essaient de saisir la réalité de sa vie, et pourtant on voit bien que cela leur échappe. Si ce n’était pas le cas, on ne comprendrait pas pourquoi en dernier recours ils n’ont pas d’autre solution que d’aller voir la personne qui agite et questionne leurs certitudes et leurs attentes. En fait, cette rencontre d’interrogation dans l’évangile de Jean sur la problématique de l’identité de Jean Baptiste nous révèle une chose toute simple : si on veut connaître l’identité de l’autre, sa rencontre est inévitable. Il ne s’agit pas de réaliser des études ou des théories sur l’autre, il s’agit de le rencontrer. Pour le meilleur et pour le pire !

Il s’agit de rencontrer l’autre, parce que c’est seulement de cette manière qu’on est capable d’accueillir son témoignage. Une réalité que Jean Baptiste nous révèle, c’est que pour définir qui je suis, chacun et chacune d’entre nous devons reconnaître et passer au creuset la définition de qui je ne suis pas. Nous ne sommes pas Dieu, nous ne sommes pas toujours des prophètes même si nous aimerions en être. Jean Baptiste s’identifie comme « la voix de celui qui crie dans le désert. » La voix – on l’écoute ! Il ne s’agit pas de se substituer à la voix de l’autre, il ne s’agit pas d’écraser la voix de l’autre, il ne s’agit pas de faire taire la voix de l’autre. Il s’agit de l’entendre et de l’écouter. Cette petite nuance que Jean nous dit, en citant le livre du prophète Isaïe, est de taille : il semble qu’il soit difficile d’entendre cette voix. C’est peut-être pour cela qu’elle crie. Elle nous crie et nous révèle la grande soif, le grand désir qui habite chacun et chacune d’entre nous.

La voix, peut-on dire « la voix intérieure », nous révèle quelque chose que nous connaissons, et pourtant qui nous fait peur ou au moins nous inquiète. Cette vérité est toute simple, mais elle est d’une profondeur inouïe. Notre être et toute notre vie sont intrinsèquement liés à la vie des autres, à la vie de communion avec l’unique tout autre – Dieu, révélé en Jésus-Christ. Cette double appartenance de notre communion et de notre identité est soulignée dans le livre du prophète Isaïe. Un premier volet personnel : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. » Nous sommes enracinés en Dieu, et c’est en lui et de lui que nous tenons notre vie, et tout notre être. Le deuxième volet est interrelationnel : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle, guérir, proclamer la délivrance, la libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » Nous sommes des liens de l’amour mutuel là où nous sommes.

Il me semble que ce soit intelligent si nous célébrons ce troisième dimanche de l’Avent sous le vocable du « Dimanche de Joie », car c’est précisément parce que nous reconnaissons la joie de cette voix dans le désert de notre désir qui nous murmure : « L’Esprit de Dieu est sur toi ! Annonce la Bonne Nouvelle de cet Amour ! » Alors elle retentit et nous remplit de joie nous-mêmes et toutes nos relations.

Édouard Shatov, augustin de l’Assomption