Après avoir réfléchi sur les coups de foudre, j’aimerais vous parler d’inspiration et de créativité, lesquelles surgissent de temps en temps dans nos vies. Ne nous y trompons pas, elles requièrent la plupart du temps de longues périodes de préparation.
À mon avis, l’inspiration et la créativité viennent et pro-viennent de l’Esprit-Saint. L’Évangéliste Jean nous dit : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit ». L’Esprit de Dieu et ses fruits – l’inspiration et la créativité – sont imprévisibles, mais ce sont eux qui nous vivifient, nous redonnent des forces pour nous permettre d’aller au-delà des réalités terrestres.
L’inspiration et la créativité sont des perles rares. Toutes et tous peuvent les souhaiter, mais peu de gens acceptent d’y investir les efforts nécessaires pour les acquérir. Une des personnes inspirantes, selon moi, en lien avec le déconfinement, est Delphine Horvilleur, une femme rabbin du Mouvement juif libéral de France, écrivaine et philosophe. Elle est directrice de la rédaction de la Revue de pensée juive Tenou’a. Dans son édito du 26 juin 2020, elle nous raconte une histoire du Talmud, une célèbre histoire édifiante : c’est celle d’un homme qui vivait au deuxième siècle de notre ère, en Galilée, et qui se nommait Rabbi Shimon Bar-You’ ai. « Accusé de trahison par les autorités romaines et menacé de mort, il se réfugia, avec son fils, dans une grotte et y vécu douze années entières sans aucun contact avec le monde extérieur. Immergés tous deux dans la Torah, de jour comme de nuit, ils sont le modèle talmudique du plus grand confinement. »
Et voilà que les deux sortent après douze ans de confinement. En vue de quoi nos quelques mois prennent leur juste proportion … « Mais, au-dehors, en constatant que le monde vaquait à ses occupations profanes et délaissait l’étude, tous deux furent pris de colère. Celle-ci enflamma littéralement leur regard devenu incandescent. Partout où leurs yeux se posaient, le monde prenait feu. Une voix céleste hurla alors : « Si vous êtes sortis de cette grotte pour détruire mon univers, retournez-y immédiatement ! ». C’est ainsi que le sage et son fils connurent une deuxième vague de confinement avant d’être autorisés, un an plus tard, à revoir la lumière du jour. »
Pour nous aussi, il ne s’agit pas seulement de sortir du confinement. Comme croyantes et croyants nous devons nous poser la question suivante : « À quoi nous appelle Dieu dans son Esprit d’inspiration et de créativité, en ce temps d’ouverture des portes ? » Puissions-nous ouvrir les portes de notre cœur pour adopter un regard renouvelé et créatif. Dans la légende racontée par Delphine Horvilleur, le rabbin et son fils doivent apprendre à SOIGNER AVEC LES YEUX … Un pouvoir étrange, merveilleux, une grâce, un don !!!
En cette période où nous portons des couvre-visage, il nous reste cette possibilité de soigner avec les yeux, ces yeux qu’on continue de voir même avec un visage couvert. Delphine Horvilleur termine son récit en disant : « Le propre de l’être humain est peut-être à chercher là. Non dans son autonomie puissante, mais dans sa capacité à faire face à sa dépendance extrême… en se transmettant des légendes et des récits qui transcendent les temps ».
Je nous invite à toujours conserver en mémoire cette capacité à soigner avec les yeux et à l’exercer chaque fois que nous posons notre regard sur le monde.
Édouard Shatov
SOLIDAIRES DES PLUS DÉMUNIS