Le 3 novembre 2024 31e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 12, 28b-34
Une école pour un monde religieux et séculier
Plus que quiconque, le Scribe est sensé connaître et comprendre les commandements de Dieu, puisqu’il en est le gardien parmi les juifs, tout comme l’Église en a la garde aujourd’hui encore. Mais comment se fait-il qu’il s’en remette à un autre, et donc à Jésus? Comment comprendre son souci de chercher ce qui est prioritaire dans les commandements de Dieu pourtant irrévocables pour la pratique religieuse juive et chrétienne?
La démarche du scribe est stimulante pour l’Église et pour toute l’humanité. Elle nous montre bien qu’il est nécessaire de ne jamais se lasser de se tourner vers Jésus. C’est en se tournant résolument vers Lui, que l’Église se garde de transformer la foi en un joug difficile à porter. Le monde séculier s’en prend à la religion qui fait de la foi un ensemble de préceptes irrévocables, insupportables, voire impitoyables. Comment donc ne pas voir un nouvel horizon prometteur avec le Pape François. Aux antipodes des défenseurs des dogmes intangibles, des législateurs infaillibles du croire, des abuseurs sans vergogne, des puissances de la haine qui plongent le monde dans la vengeance et la guerre, François appelle le peuple de Dieu à redécouvrir l’amour et la miséricorde comme étant la clef de compréhension de la foi et de la vie.
L’Évangile renchérit une telle perspective. La démarche du scribe permet de comprendre qu’en se tournant vers Jésus, nous saisissons mieux ce qui est prioritaire dans notre vie à savoir, l’amour. De surcroît, nous nous renouvelons dans notre manière d’aimer. Le risque reste toujours grand pour l’Église de s’écarter de cette priorité autant il l’est pour les croyants de se laisser égarer par la haine et les contrefaçons de l’amour, lesquelles peuvent devenir aussi violent que la haine. Combien de fois avons-nous confondu l’amour avec l’idolâtrie, l’admiration, l’attirance, l’intérêt, l’humanisme sans Dieu?
«Aimer Dieu et aimer son prochain vaut mieux que toute offrande d’holocauste et de sacrifice», réplique le Scribe à Jésus. Le supposé qualifié de l’Écriture Sainte a finalement compris combien l’amour est le secret de la relation de tout être humain avec Dieu et le sel qui rend à la vie toute sa saveur. L’amour fait advenir le Royaume de Dieu parmi nous et nous le garantit éternellement auprès de Dieu. Pour cela, il a la priorité sur les sacrifices. Cela nous met face à un dilemme. Car de toute évidence, le sacrifice de l’eucharistie est l’axe central de notre foi chrétienne, alors même que le regard de Jésus sur le sacrifice reste assez critique.
Face à ce dilemme, il convient de comprendre que si la tradition de l’Église maintient l’acte sacrificiel pour nous aider à nous tourner vers Dieu et à l’aimer plus que tout, Jésus invite chacun à faire de sa vie un sacrifice existentiel, c’est-à-dire, une vie pleinement donnée à Dieu dans la confiance, et une vie donnée pour les autres dans la juste mesure de l’amour que l’on devrait avoir pour soi-même. C’est ce qu’aura été sa vie dans le monde.
Laissons-nous entrainer par l’exemplarité de l’amour de Jésus dont la croix constitue le signe et la cause de notre salut. Avec Jésus, aimer, surtout savoir aimer devient une école pour toute la vie. Aussi est-il qu’un bonheur nous est garanti lorsque l’amour commande la Loi, lorsque la Parole inspire l’amour, lorsque l’amour donne sens au sacrifice, lorsque l’amour comme don gratuit de Dieu devient la dette de tous envers tous, et lorsque le véritable amour prend garde des contrefaçons.
Ab. Joseph Désiré Awono