Le 9 février 2025 5e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 5, 1-11
Des jeunes étudiants à la faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval avaient initié un mouvement de sensibilisation ayant comme objectif l’évangélisation. Au cours d’une rencontre de réflexion, il leur a semblé difficile de justifier cet objectif et la façon dont ils s’y prendraient. En même temps, ils semblaient s’inscrire dans un mouvement d’engagement social comme réponse au désenchantement que connaît le monde; opérant de cette façon ce que l’historien, philosophe et sociologue français Marcel Gauchet appelle «sortie de la religion» que nous pouvons remarquer d’une certaine manière dans la Parole de ce dimanche.
La suite de Jésus peut amener le monde à sortir d’une religion d’emprise, ces formes de mécanique infructueuse, et apporter satisfaction aux disciples. Alors que Simon dit Pierre et ses associés peinent à obtenir du résultat de leur pêche, Jésus leur adresse une parole bousculant leur imaginaire mécanisé et qui leur demande de faire différemment. À l’écoute de cette parole, leur pêche fut étonnamment et abondamment fructueuse. Une objection peut être formulée, faisant remarquer la reproduction de la mécanique de pêche. Certes, mais remarquons bien l’écoute de la parole de Jésus qui opère une sortie de la routine du temps. Jésus va encore plus loin en proposant à Simon la sortie de la mécanique de pêcheur des poissons pour qu’il aille pêcher les humains.
Pour certains commentateurs, Simon-Pierre trouvera dorénavant satisfaction à sauver les vies noyées dans la mer des mécaniques égoïstes au lieu d’enlever les poissons de leur milieu de vie. Sans retomber dans la reproduction mécanique de la pêche, la désignation des humains comme objet de celle-ci dit long de la satisfaction qui sera celle de Simon-Pierre, de ses associés et d’autres disciples de Jésus. Vu qu’en réalité l’être humain ne peut être capturé et qu’il échappe, les disciples de Jésus devraient renoncer à cette tentation, jeter leurs filets et participer à l’épanouissement des humains ainsi que de la vie en général. Tel sera alors l’objet de leur satisfaction.
Divers programmes de nos pastorales, du fait de leur impopularité, semblent infructueux et non satisfaisants à nos yeux. Peut-être déployons-nous tellement d’énergie et de ressources à leur fonctionnement qu’à l’épanouissement des humains et à la gloire de Dieu qu’ils sont supposés servir. Entre autres programmes, quel est celui de la formation des hommes au ministère presbytéral que Jésus aurait transmis à ses disciples pour qu’ils le gardent tel quel? Pas un programme, mais c’est l’Évangile de Jésus mort et ressuscité que les Corinthiens sont invités à garder comme l’apôtre Paul le leur a annoncé et qu’il a lui-même reçu. Cet Évangile gardé ne saurait se murer; il ne peut qu’être somme toute heureuse annonce. Il n’est certainement pas annoncé lorsque les mêmes personnes se murent à effectuer les mêmes tâches au détriment des autres. Mais en plus d’être annoncé, il apportera satisfaction à l’aidant et à l’aidé vus comme des envoyés de Dieu l’un à l’autre et qui coopèrent dans une certaine mesure de leurs capacités respectives.
À l’écoute de Jésus, Simon et ses associés ont retrouvé leurs évidences, les ont toutes laissées pour le suivre. En cette année jubilaire de l’espérance, qu’il nous soit donné aussi d’oser sortir de nos murs et d’obtenir satisfaction avec les autres pour nos quêtes, bien qu’à l’horizon fuyant, à la suite de Jésus.
Sadiki Kyavumba, assomptionniste
La justice de Dieu et la nôtre