De quoi aimerais-je parler cette semaine? Une grande question pour moi … et mille idées alors jaillirent en moi. La réponse, soudain, m’est venue, inattendue, via une livraison-surprise. J’ai reçu un colis d’une amie, un livre d’un de mes auteurs préférés. Il s’agit de la dernière conférence d’Amos Oz, présentée à l’université de Tel-Aviv, le 02 juin 2018 et qui est publiée récemment chez Gallimard. Cette conférence s’intitule: RIEN N’EST ENCORE JOUÉ.
Non, l’auteur ne nous entretient pas de la pandémie covidienne … toutefois, ses réflexions peuvent nous aider à vivre au temps de la pandémie. Tout d’abord, parlons de nos relations avec le monde en cette période difficile. Une blessure « ne se guérit pas à coups de matraque ». Amos Oz conçoit qu’il est « impossible de battre une plaie comme du plâtre pour lui donner une bonne leçon, et pour qu’elle cesse de saigner ». Pour guérir une blessure ou une maladie, il faut du temps et, comme nous le constatons aujourd’hui, beaucoup de temps. On ne peut que soigner le ou la malade, et voir à prendre énormément soin les uns des autres.
Amos Oz poursuit sa réflexion « … ça ne se soigne pas en un jour, ni en une semaine, mais il y a un début à tout. Trouvons le moyen d’enclencher le processus de guérison ». C’est là que l’auteur apporte un point majeur. Pour soigner correctement : « …il faut adopter un langage ad hoc ». Pas un idiome de soumission, de dissuasion, ni un langage de donneurs de leçons d’une fois pour toutes ou d’avant qu’ils aient compris ce qui leur arrive. Mais, un langage propice à la guérison est requis. Voilà peut-être qu’en cela consiste notre plus grand défi ! Cette tâche ne consiste pas à nous réfugier dans le passé : « Bientôt, on reviendra comme avant » ou, dans la fuite en avant: « bientôt, on sortira de la pandémie »…
L’auteur nous encourage donc à nous arrêter à notre présent et à prendre soin les uns des autres ; non pas à « positiver », mais à partager notre souffrance. Cela ne veut pas dire de nous lamenter sans cesse, mais à utiliser un langage simple et vrai : « Je sais que vous souffrez terriblement. Je comprends. J’ai mal moi aussi. Nous allons trouver une solution ». Pensons aux paroles de saint Paul : « C’est quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ». On ne pense pas ici à faire l’éloge de la souffrance, mais d’accueillir notre vulnérabilité, de l’outrepasser, de la traverser et de la transcender.
Au fil de la pandémie, nous découvrons les profondeurs de notre être pour le meilleur et pour le pire. Nous ne sommes pas des êtres assujettis au déterminisme et au fatalisme. Allons tout simplement vers des vérités simples et profondes : affection – amour – justice – miséricorde – pardon, etc. – mais vivons ces réalités correctement, en donnant le meilleur de nous-mêmes.
Ainsi, nous pourrions, toutes et tous, devenir des êtres providentiels qui trouvent des solutions pour instaurer la paix et la communion, autrement dit des moyens de croissance en humanité et en Dieu. C’est en cela que consiste le chemin de la guérison : un chemin de patience et de persévérance.
Tout cela, je le concède, pourrait s’avérer ardu, compliqué, douloureux… RIEN N’EST ENCORE JOUÉ, nous dit Amos Oz !
NON : RIEN N’EST ENCORE JOUÉ!!! À quoi pensez-vous en ce moment? Après la lecture de ces quelques lignes? N’est-ce pas là que Dieu vous attend?
Bonne semaine à toutes et à tous!
Édouard Shatov
Méditation du 16e dimanche