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PROMESSE DU PEUT-ÊTRE

L’édito produit après les Fêtes de Noël et du Nouvel An peut sembler fade. En effet, on dirait que tout, ou presque, a déjà été dit sur le sujet et qu’il est dangereux de verser dans le radotage. De plus, en ce dimanche de l’Épiphanie, où il est encore question de cadeaux, de présents offerts au Seigneur Jésus …. Il peut sembler que l’auteur de l’édito, moi-même ici présent, doive impérieusement faire preuve d’agilité spirituelle et intellectuelle…

Mais « Peut-être » que tout s’avère beaucoup plus simple. Ce petit mot « peut-être » a attiré mon attention dans l’infolettre que Monique Lortie a adressée aux amis du Montmartre, ce 29 décembre 2019.

« Peut-être » se présente comme un terme décisif, fondamental dans la vie spirituelle. La tradition juive nous dit: « Le nom de la divine Présence est: Peut-être ». Alors que nous voulons régulièrement faire de Dieu et des autres des systèmes bien définis, dont nous connaissons le « mode d’emploi », ce nom de Dieu, « Peut-être », nous rappelle que Dieu, et les autres d’ailleurs, est un inédit, un ad-venir inattendu, surprenant.

Ce « peut-être » nous est offert en l’Enfant-Jésus, la révélation de Dieu incarné comme le « Verbe qui se fait chair et qui habite, dresse sa tente parmi nous ». Le Verbe n’est pas un nom, il n’est pas statique, enfermé. Le Verbe advient à travers le mouvement. Le poète français Henri Meschonnic s’exprime ainsi : « Ce n’est pas un nom sur lequel, comme dans le polythéisme, par la magie on aurait un pouvoir. C’est un verbe. À lui le pouvoir! Et c’est une promesse. L’inaccompli ne cesse de s’accomplir ».

Le Dieu que Jésus nous révèle est un Dieu dynamique qui dépassera toujours le cadre que nous lui avions assigné. Ce Dieu est une ouverture, mais aussi une incertitude. Ce « Peut-être » nous engage à traverser notre vie non pas en réduisant Dieu et les autres à une compagnie d’assurance qui prévoit tout dans la sécurité. Ce Dieu nous invite à traverser notre vie avec toutes les tranquillités et les turbulences que la saga humaine nous réserve. Puissions-nous participer à rendre le monde plus juste, plus beau, plus aimant! « Peut-être »!

Cette invitation implique une particularité. Elle exige une réponse de notre part. Francine Carillo affirme : « Là où nous attendons une réponse, notre existence dépend de la réponse que nous offrons à chaque instant, à travers notre capacité à reprendre la vie à notre compte plutôt qu’à régler indéfiniment des comptes avec elle! ». Et il n’y a qu’une manière d’entendre ce que Dieu veut pour nous, ce que les autres veulent pour nous, ce que la Vie veut pour nous. C’est à nous de nous risquer à vivre!

En ce début de 2020, je vous convie à contempler le risque qu’a pris Dieu lui-même de vivre parmi nous. Il faut « un peu de courage » et, avec et sous la grâce de Dieu, c’est plus que possible. Je souhaite à toutes et à tous de prendre ce risque. Chères amies, chers amis, je vous souhaite une Belle et Bonne Année 2020! Une année de la promesse du « Peut-être »!

Édouard Shatov