Le 9 juin 2024 10e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 3, 20-35
Lectures du jour
Les bottines pour plusieurs personnes tardent à suivre les babines, notamment en matière de liberté. Quant à nous chrétiennes et chrétiens, notre condition de disciples devrait nous remettre à la suite de Jésus dans sa lutte pour une plus grande liberté qui soit aimante et renvoyant à Dieu. La question que je porte dans cette optique est encore la suivante : comment s’y prendre ?
Résister à l’emprise
C’est bien beau de commencer par s’imaginer la liberté des oiseaux qui planent dans l’espace. Quand elle devient denrée rare, l’urgence sera certainement autre chose que sa redéfinition. Dans l’épisode évangélique de ce dimanche, hors de question pour Jésus de céder la place à toute tentative de redéfinition de la liberté qui emprisonne. Il résiste à l’emprise exercée autant par ses proches tentés de le renfermer dans le giron tribal que par ses adversaires jurés, les scribes qui essaient de le ligoter en lui accolant l’étiquette de quelqu’un pris en otage au niveau spirituel. Plutôt insufflé de la liberté aimante de Dieu, il résiste même à la tentation d’emprisonner à son tour les uns et les autres. Encore faut-il que ceux-ci se mettent au fait des boîtes dans lesquelles ils enferment Jésus ainsi qu’eux-mêmes et qu’ils soient amenés à l’entière liberté comme lui.
Demander et donner le pardon
La liberté offusquée en appelle au don par surcroit dit pardon, si l’on veut la redéployer avec une certaine assurance face aux offenses volontaires. Pourtant dans l’évangile, le pardon ne peut être donné aux scribes pour trois raisons, toujours en lien avec la liberté. La première raison est qu’ils ont commis librement ce qu’on appelle un sacrilège en niant la personnalité de Jésus. En effet, ils appartiennent au même peuple que lui, ils connaissent les Écritures et savent que Jésus est maître reconnu en Israël et ainsi donneur de pardon ou libérateur ; mais ils le traitent de possédé. Leur savoir est la deuxième raison pour laquelle le pardon ne peut leur être donné, sinon Jésus aurait demandé à son Père de leur pardonner pour leur ignorance. La troisième raison, c’est qu’ils ne demandent pas le pardon, car ils ne peuvent pas le demander à Jésus qui n’existe pas pour eux. En fait, le pardon fait appel à l’existence commune pour ouvrir la porte à la liberté aimante en Dieu.
Tendre toujours vers Dieu
Comme le psaume 129 l’enseigne ce dimanche, le pardon et la pleine liberté se trouvent auprès du Seigneur. Ce psaume répond notamment à Adam et à Ève devenus esclaves de leur promiscuité et procédant alors à des condamnations. Pour Jésus ayant échappé à la condamnation par ses proches, la tension vers Dieu jusqu’à sa volonté permet une familiarité aimante avec d’autres personnes et le déploiement de la liberté. Ce mode de vie de Jésus est proposé aussi bien aux gens désirant garder leurs proches auprès d’eux qu’à ceux qui aspirent à une grande liberté.
Il y a lieu que le vécu de la liberté par Jésus rappelle ses disciples à tenir ensemble proximité et liberté, l’une faisant appel à l’autre. De cette façon, la référence à la liberté aimante de Dieu se rend palpable dans leur vécu aussi bien personnel que communautaire. Puissions-nous faire nôtre la lutte de Jésus contre toute emprise et pour la plus grande liberté en Dieu pour que nos entités personnelles et nos communautés soient de plus en plus des espaces des rencontres gratifiantes et de libres marches tournées vers Dieu.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste