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PERMIS D’ESPÉRER

Permis d'espérer
© Carrefour d’Alsace

Au moment où je ne dirais pas la chrétienté mais le catholicisme semble en mauvaise posture ; au moment où il semble correspondre pour nous occidentaux à une religiosité dont on ne veut plus depuis Mai 68 à tout le moins ; au moment où les experts annoncent à qui mieux mieux et en boucle qu’une « prochaine crise va nous frapper encore plus fort qu’en 2008 », qu’un « choc social et économique est inévitable », que « nous devons nous préparer à frapper le mur » ; qui coordonnera une échelle des valeurs valable pour l’ensemble de l’humanité ? Cette question, je l’ai lue chez Alexandre Soljénitsyne dans son discours de Stockholm en vue de la réception de son prix Nobel de littérature en 1970. Et je l’ai trouvée très pertinente. Elle va droit au sens de la vie, je crois.

Car au-delà de la désespérance médiatique qui fait aujourd’hui la fortune des écrivains à la mode, et de leurs éditeurs, celle aussi des commentateurs de tout poil, il faut peut-être, pour nous-mêmes, oser poser la question entendue lors d’une émission de La Grande Librairie, sur TV5 : Y a-t-il dans ce monde deux ou trois choses qui nous permettent d’espérer ? C’est la question posée par l’animateur à André Comte Sponville, un de ses invités. Et ce philosophe (très) populaire de répondre – j’ai été sidérée – « Oui, il y a nous, les hommes » ! Le plus amusant a été la surprise, aussi, de l’animateur qui s’est vu obligé de rappeler que son invité était laïc et athée bord en bord, comme on dit chez nous ! Encouragé par son droit de parole, notre philosophe athée d’ajouter d’un seul trait super optimiste – à défaut d’être original : « Ça passe par la science et la technologie, il en faudrait plus. Et plus de politique. En fait, il faut donner sa chance au progrès. » !

Voilà le crédo des Lumières dans toute sa splendeur ! Il faut relire cette phrase, celle de Comte Sponville, pour se rendre compte combien elle est, elle, désespérante !

Au même moment, ou presque, le pape François faisait son homélie du Carême au cours de laquelle il a invité les chrétiens, mais à travers eux, tous les hommes, à dépasser la séduction des Lumières pour la remplacer par un humanisme « des trois langages, ensemble, et en harmonie : le langage de l’esprit, le langage du cœur et le langage des mains ». On ne peut pas être plus concret !

J’aime bien la sagesse des papes ! Je veux dire celle que l’on découvre quand on accepte de juger chacun d’eux sans aucun souci d’utilitarisme petit-bourgeois.

MONIQUE LORTIE