Je vais sans doute surprendre, mais il faut me lire jusqu’au bout. Portrait : Je me souviens de ma jeunesse, à Québec, dans les années 50. C’était une époque où la famille était le noyau de la société et où il y avait un respect total de la loi et de l’ordre. Les mères étaient à la maison et s’occupaient des enfants. Le salaire du père était suffisant pour subvenir aux besoins de la famille. Très peu de gens étaient endettés et évidemment, les cartes de crédit n’existaient pas. Nous payions quasiment tout en liquide. La police n’était pas armée et son autorité était totalement respectée.
Le Québec était alors une société de culture très homogène. À peine de petites criminalités et pratiquement aucun crime violent. Je me souviens des églises dont les portes étaient ouvertes toute la journée avec les vases d’argent posés là en toute confiance. Les jeunes enfants pouvaient se déplacer librement sans protection parentale. Et ils jouaient dehors. On ne mettait pas de casque pour faire du vélo qui s’appelait alors une bicyclette, ou le plus souvent un « bicycle ». Les écoliers n’avaient pas d’allergies alimentaires, on prenait nos repas du midi à la maison. J’aimais l’hiver parce que les journées de tempête, on devait rester à l’école pour le dîner : quelle fête, c’était !
Très peu de gens partaient en vacances à l’étranger ou possédaient une voiture ou une télévision. L’économie était forte, basée sur de l’argent « réel » et peu de dettes. On savait s’arranger. Je dirais que la qualité de vie était alors bien supérieure à aujourd’hui. Les gens étaient beaucoup plus heureux, moins stressés et plus respectueux de leurs semblables. Même les commérages – il fallait bien se distraire un peu – restaient dans les limites de la décence. Il y avait de l’intégrité et des valeurs morales et éthiques fortes.
N’allez pas me dire que vous aviez un oncle très riche ou une grand-mère près de ses sous : tout le monde était près de ses sous. Cela ne change rien au climat naïf dans lequel nous baignions. Les choses allaient ainsi comme par magie, ou plutôt, mues par quelque chose comme du sacré. Bien sûr, on ne le savait pas, et surtout on ne savait pas « mesurer » nos bonheurs.
Nos mères avaient le temps de cuisiner les produits d’ici, et à la fin de l’été, faire des conserves et des confitures pour l’hiver afin de ne manquer de rien.
Je sais que tout cela ressemble à des souvenirs nostalgiques d’une madame qui embellit le passé. Il y a peut-être une part de vérité dans cette critique, mais je crois de plus en plus que Covid-19 et Confinement ne sont pour rien dans le désarroi actuel. Au fond, nous ne sommes peut-être pas seulement à la toute veille du super krach économique annoncé, nous sommes en train d’assister « live » à la fin d’un cycle : le cycle de l’économie actuelle basée sur la dette, avec de l’argent et des valeurs factices ; celle qui a créé les sociétés angoissées dans lesquelles beaucoup de personnes se retrouvent, aujourd’hui, mécontentes et désemparées.
Un nouveau cycle pourra maintenant débuter, fondé sur un système financier sain, prenant appui sur des valeurs réelles, tant monétaires que morales… Hope so.
Monique Lortie
lortie.monique@gmail.com