Le cœur humain est le centre de notre être, et ses mouvements articulent tout notre rapport au monde. C’est dans cet ordre d’idée que St-Exupéry fait dire à son petit prince : « On ne voit bien qu’avec les yeux du cœur ». Et c’est avec ce regard du cœur, avec les oreilles du cœur et, sans doute, avec la bouche du cœur qu’on s’approche du monde et qu’on le consomme comme une chose, ou qu’on le reçoit comme une grâce venant de la bienveillance des autres.
Le premier mouvement du cœur, c’est celui, pas toujours facile, de la bienveillance. Reconnaissons notre attrait pour la beauté, la vérité et la bonté. Cela suppose, au préalable, l’abandon de la suspicion, de la méfiance. Il s’agit d’une maturité nous conduisant à trouver chez autrui la bonté reflétant le cœur de Dieu.
La bienveillance amène à reconnaître les différentes vocations des uns et des autres. Nous sommes complémentaires d’un même corps, celui du Christ. Dans ce regard bienveillant, la bonté permet de maîtriser tous les mouvements nocifs reliés à la colère.
En effet, la colère est avant tout le refus d’accepter l’univers de l’autre tel qu’il est. Sans endosser des positions aveuglément, il faut éviter de tout ramener à notre jugement propre. Refuser de faire face à la réalité, selon Jean Cassien, « la prison de l’être ». Évagre le Pontique, lui, parle de « l’aveuglement de l’être ».
Puissions-nous nous rappeler fréquemment de notre subjectivité quant au regard sur les événements et sur les prises de position des autres. Précisons que nos émotions ne viennent pas des situations. C’est de notre regard (bienveillant ou méfiant, confiant ou suspicieux, etc.) sur les situations que proviennent nos émotions. Nous pensons et nous sentons.
Tout cela nous amène au deuxième mouvement du cœur : la JOIE!
À suivre au prochain édito.
Édouard Shatov