Je suis allé visiter avec un ami la collection permanente de papillons à Assumption-Antipolo. C’est vraiment impressionnant. On y retrouve, dans une présentation visuelle attrayante, une quantité incroyable de papillons de tous les coins du monde. Les formes, les couleurs, les variétés ont de quoi étonner. Je me suis pris à penser à la patience nécessaire pour monter cette collection, préserver les espèces et organiser l’ensemble de manière créative pour la joie des visiteurs. Puisque cela fait partie d’un projet écologique plus global, on n’a pas manqué de bien identifier les espèces, les lieux d’origine, les particularités de chaque variété. J’étais étonné de la diversité des couleurs qui allaient du noir velours au bleu translucide, en passant par toute la gamme des orangers et des jaunes, un rouge écarlate ici, un blanc éclatant là… Il y en avait d’immenses (les grosses pointures!) et de tout petits. On sait que leur vie est très courte et qu’ils peuvent voler de grandes distances. Ce qui est évident, c’est leur fragilité. Mon ami et moi, nous étions émerveillés par tant de beauté qu’on peut retrouver dans la nature.
Mais qui peut les voir, vraiment ? Il faut prêter attention pour les apercevoir. La pollution de nos villes ne présente pas un environnement idéal pour ces êtres si frêles ; il nous faut aller à la campagne pour pouvoir les observer. Parfois, on a construit des sanctuaires de papillon au milieu d’un parc ; c’est une bonne manière de les étudier de plus près. Celui qui en fait la collection vit une véritable passion et ne ménage aucun effort pour aller les observer, les capturer, les classifier et assurer leur préservation. Et ce n’est là qu’un exemple dans la biodiversité de la nature.
N’y a-t-il pas quelque chose de semblable chez les humains ? Nous sommes tellement différents les uns des autres. Chacun de nous est unique. Notre couleur, notre personnalité, notre histoire personnelle, nos dons propres, nos défauts, notre famille, notre culture, notre santé, notre pays d’origine, ce en quoi nous croyons, nos amis, notre profession, ce que nous valons, notre âge : tout cela contribue à faire de nous des êtres uniques et différents. De la même manière qu’il n’y a pas deux papillons exactement pareils. Et puis nous avons aussi nos fragilités. En un instant notre vie peut basculer. J’ai rencontré cette personne par hasard et nous sommes devenus amoureux. J’ai eu un accident de voiture un bon dimanche après-midi et je suis devenu handicapé pour le reste de ma vie. Je pensais avoir un travail assuré et voilà que la compagnie a déclaré faillite et je me retrouve au chômage à 53 ans. Mon enfant a attrapé cette maladie rare et nos ressources financières familiales s’évaporent. Sans raison apparente, on me refuse le visa et je ne puis partir à l’étranger. Moi qui achète rarement un billet de loterie, voilà que je gagne le gros lot. Nous sommes aussi frêles que le papillon qui peut être emporté par le vent. Comment pouvons-nous survivre en toute quiétude ?
Une chose m’a toujours intrigué : la grandeur des ailes du papillon est complètement disproportionnée à son poids véritable. C’est ce qui le rend léger mais résistant. C’est là la source de sa force. Mais ou donc est la mienne ? Je suis une personne fragile et je ne puis compter sur moi tout seul pour vivre mes rêves. Or j’ai pour moi un Créateur qui m’a donné des ailes intérieures pour continuer une mission bien au-delà de mes capacités humaines. Je dois reconnaître qu’il m’a créé comme une personne unique et qu’il veille sur moi en tout temps, soutient mes projets, multiplie mes efforts et me donne une vie bien plus pleine que ce dont j’aurais pu rêver.
Je suis comme un papillon dans les mains de Dieu !
Gilles Blouin
Assomptionniste