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L’éditorial de Monique Lortie. UN PAPE ET KHROUCHTCHEV

Image libre de droit

Toujours il y a ce Dictionnaire amoureux des papes qui me hante. Que de surprises attendent là-dedans les catholiques indifférents, ou les ex dont le ressentiment obstrue le discernement ! C’est à la lecture honnête et attentive que l’on comprend que le dictionnaire de Bernard Lecomte porte bien son titre de Dictionnaire amoureux des papes – avouez que comme moi vous pensiez à un ouvrage coquin sur la vie intime des papes ! Non ?

Souvenons-nous du propos de notre dernier éditorial alors que je reprochais à la présidente de la Fédération des Femmes du Québec, Gabrielle Bouchard*, non seulement ses paroles du 28 janvier mais surtout son inculture. Et particulièrement son ignorance du véritable rôle qu’ont joué les papes (catholiques, faut-il le dire ?) et le Vatican dans les histoires politiques depuis 2000 ans ! Et cela afin que nous puissions toutes et tous vivre tranquillement chez nous à l’abri des grosses colères de ces messieurs-dames les chefs d’États à travers le monde. On aura beau se crêper le chignon dans les chaumières, hétérosexuelles ou pas, il reste que souvent le pire nous a été épargné grâce (aussi) aux papes de la religion catholique celle qui est dite, de nos jours, responsable de tous nos malheurs.

Voici un exemple que l’on peut lire, entre autres, dans le dictionnaire de Bernard Lecomte : On se souvient de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962. Mais qui sait qu’au plus fort de cette tension extrême le monde a réellement frôlé la guerre nucléaire ? « C’est pourquoi l’entourage du président Kennedy explore en urgence tous les moyens susceptibles de joindre Khrouchtchev à Moscou et de le convaincre de stopper l’engrenage infernal » dit le Dictionnaire. Mais comment parler à un ennemi de la taille de Khrouchtchev ?

C’est alors qu’on s’est souvenu de la thèse originale d’un journaliste, Norman Cousins – il n’y a pas de petites sources – : « En cas de tension extrême entre Washington et Moscou la seule autorité indépendante capable d’intervenir – parce que dépourvue d’armes atomiques, sans territoires à défendre, affichant sa neutralité et dotée d’un grand prestige moral – serait le pape de Rome. » Kennedy et son conseiller Sorensen demandent alors à Cousins de joindre le Saint-Père de toute urgence pour qu’il intervienne auprès de Nikita Khrouchtchev. Or le pape, vu du Kremlin était un ennemi idéologique comme les autres. On croirait à un récit de science-fiction !

Et pourtant… « Le pape a-t-il personnellement évité un cataclysme nucléaire », demande le Dictionnaire. « La réponse doit être nuancée. Ni les Américains ni les Russes ne reviendront jamais sur cette médiation impromptue du pape Jean XXIII ». Toutefois, en décembre de la même année, Simon Cousins aurait reçu, dit Bernard Lecomte, cette lettre écrite par Khrouchtchev lui-même :

« Le pape et moi pouvons diverger sur beaucoup de questions, mais nous sommes unis dans le même désir de paix. Le plus important est de vivre et laisser vivre les peuples. (…) L’intervention du pape Jean XXIII restera dans l’histoire. »

Tout cela se fait sans que nous, les simples mortels, ne soyons mis au courant. Mais il est vrai, toutefois, qu’il n’a pu y avoir en 2000 ans de durée, quelque pape à Rome qui ne fut un de ces hommes hauts en couleur, au destin incroyable, à l’intelligence éblouissante, et aussi, parfois, « des personnages merveilleux » dont parle Lecomte, grand rapporteur de son métier.

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* Un peu plus tard, le même 28 janvier dernier, Madame Bouchard remettait ça selon le style qui lui est propre : « Le tweet a mal adressé les enjeux que (sic) je voulais parler. Je pense que c’est la preuve qu’on devrait tourner nos pouces sept fois avant de tweeter. » (Émission La Joute, TVA, 28 janvier 2020.) Ce à quoi Denise Bombardier répliquait avec humour : « C’est à donner envie de l’ovationner ! ». (J. de M., le 30 janvier dernier)

Monique Lortie
lortie.monique@gmail.com