© Remnaeco35, Pains de campagne
Le 11 août 2024 19e dimanche du temps ordinaire, année B – Jn 6, 41-51
L’Évangéliste Jean semble ignorer l’institution de l’eucharistie. Mais le discours sur le pain de vie la décrit en évoquant le don d’un pain qui vient du ciel, source de vie éternelle.
Jésus s’identifie à ce pain « descendu du ciel ». Son auditoire, composé de disciples réagit : « Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : ‘Je suis descendu du ciel ?’ »
L’incompréhension repose sur une méprise : les auditeurs pensent à ce qui nourrit le corps ; Jésus, lui, parle d’une autre nourriture, nécessaire à la vie intérieure. Notre existence ne se limite pas aux besoins du corps.
La 1ère lecture décrit le prophète Élie, en fuite. Lui, l’homme fort, tente de sauver sa vie mise à prix par la reine Jézabel. À bout de force, déprimé, il demande la mort : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie…» Il reçoit alors une force venue d’ailleurs : « voici qu’un ange le toucha et lui dit : ‘Lève-toi, et mange!’ Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brulantes et une cruche d’eau. »
Réconforté, Élie se met en route pendant 40 jours et 40 nuits pour atteindre le mont Horeb là où Dieu s’est révélé à Moïse. Élie apprend qu’il doit faire les choses à la manière de Dieu, non à la sienne. Il fuyait pour sauver sa peau ; il retourne sans peur vers son peuple. Confronté à ses limites, Élie accueille la force de Dieu pour reprendre sa mission.
Retour à la source
Élie avait cru pouvoir convertir son peuple à force de gestes spectaculaires. Il a échoué lamentablement. Notre Église, contestée, traverse un désert. Comme Élie, les pasteurs ressentent durement l’échec de leurs initiatives. Programmes et planifications sont nécessaires, mais ne suffiront jamais à ramener les foules à l’église.
En se présentant comme « le pain vivant qui est descendu du ciel », Jésus exige beaucoup : une confiance totale en lui. Certains l’abandonnent jugeant ses demandes inadmissibles.
« Dès lors, beaucoup de ses disciples . . . cessèrent de faire route avec lui. »
Pourtant ces hommes et ces femmes, reconnaissent le geste extraordinaire de la multiplication des pains. Il leur faut davantage, un « signe », comme la manne venue du ciel pour leurs ancêtres.
Étrange revirement : ils avaient cherché à rejoindre Jésus pour l’entendre, sans repas au programme. Mais une fois repu, leurs désirs se limitent à leur faim matérielle. Le phénomène se répète. Dans notre société d’abondance on trouve plus de problèmes de surpoids que de faim. La nourriture abonde ; on en gaspille. Et s’accroit en parallèle le besoin de se distraire et la consommation de médicaments antistress, etc… Il ne suffit pas de calmer les appels de l’estomac pour être heureux. Illusion que de croire que la seule satisfaction de nos besoins matériels nous rendra plus heureux et plus humains.
Jésus se présente comme le “vrai pain de vie”. Il n’indique pas seulement la route à suivre, il marche avec nous. Et, parce qu’il est “pain”, il nourrit et donne l’énergie pour avancer. En nous attachant à Lui nous évitons le danger d’une vie intérieure sous-alimentée. Gardons en tête sa réponse au démon qui le tentait : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »
Remercions le Seigneur pour sa Parole et son pain qui, jour après jour, nourrissent notre esprit et fortifient notre cœur. Là encore, nous sommes privilégiés.
Marcel Poirier, assomptionniste
La Restauration de la Parole