12 juin 2022 Sainte Trinité, année C – Jean 16, 12-15
Lectures de ce jour
Célébrer la Trinité ce dimanche qui suit directement le temps de Pâques signifie beaucoup pour notre foi chrétienne. Cette fête instituée remonte au quatorzième siècle, mais déjà au troisième siècle Cyprien de Carthage soulignait l’unité entre le Père, le Fils et le Saint Esprit comme modèle pour l’Église. D’une part, admettons que cette unité, la communion interpersonnelle, la relation aimante et d’autres expressions ne représentent pas totalement la Trinité. C’est sûr qu’en même temps ces expressions en disent beaucoup de choses, comme sa plus ancienne représentation narrative des hôtes d’Abraham et Sarah. D’autre part, cette Trinité n’est pas nettement repérable dans la Bible, mais le Nouveau Testament en témoigne comme de la vie de Dieu donnée. Je parlerais du mouvement du don au sein de cette Trinité en trois actions.
Donner
L’acte de donner révèle une part importante de la Trinité en permettant de nommer Dieu « Seigneur », Kyrios. Cette appellation renvoie au moment où Israël parvient au monothéisme strict pour lequel Dieu n’est pas comparé à d’autres dieux comme le seul à qui rendre le culte, la monolâtrie qui succède au polythéisme. Des historiens et exégètes suspectent ce genre de monothéisme monolâtrique qui risque de favoriser la violence par ce fait de comparer un dieu supposé plus grand à d’autres petits dieux. Quant à Dieu le Père que Jésus nous présente, il possède tout pour être ainsi Seigneur ; mais il ne se compare pas à qui que ce soit et il ne donne pas à la manière d’un maître à son esclave. Il donne généreusement tout ce qu’il possède à son Fils qui est comme lui. C’est l’Esprit qui donne aux disciples du Fils Jésus. Ce que l’Esprit donne, précise Jésus, il le reçoit de lui. À mes yeux, la récente campagne de financement au Montmartre et la collecte des fonds en vue de l’accueil d’une famille ukrainienne révèlent cette manière trinitaire de donner.
Recevoir
Il est attendu que le don porte effectivement ce nom lorsqu’il est reçu ou accueilli. Comme mentionné, l’Esprit reçoit de Jésus et Jésus lui-même reçoit tout du Père… par l’amour du Père qui repose sur lui. Cet amour n’est autre que l’Esprit qui permet la circularité généreuse du don. Quand Jésus dit que l’Esprit conduira ses disciples, il affirme d’une certaine manière leur capacité à recevoir malgré les blessures, les faiblesses, la finitude. Cette manière de recevoir généreusement appelle à une réponse de même nature, c’est-à-dire non contraignante et libre.
Rendre
Nous sommes généralement portés à retourner d’une autre manière ce que nous avons reçu. C’est ce qu’on appelle contre-don. Lors de sa crucifixion, Jésus dit qu’il remet son Esprit à son Père. La manière pour Jésus de rendre n’est pas de type réciprocité comme un remboursement. Il s’agit d’une action de grâce qui glorifie librement le Père : la gratuité de l’amour agapè. Sommes-nous capables de remercier ou de nous réconcilier sans avoir en même temps le sentiment de rembourser le don reçu ?
En conclusion, la Trinité à la fois non domesticable et accessible inspire le don chrétien par sa manière relationnelle parmi ses nombreuses autres manières d’être. Ainsi, la personne croyante chrétienne qui aime et espère exerce sa capacité d’initiative comme le Père créateur, continue généreusement le don reçu de Dieu comme le Verbe fait chair et conduit son acte à l’achèvement avec le soutien de l’Esprit.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
LA RECONNAISSANCE DE L’AMOUR