Sans doute vous souvenez-vous que, lors de mon précédent éditorial, notre méditation a porté sur les lieux existentiels où se déroule notre vie. Peut-être même vous êtes-vous posé la question : « Mais, comment se fait ce discernement ? »
Pour poursuivre ce cheminement, regardons ensemble l’attitude et la réponse de Jésus, dans l’Évangile de Jean, au premier chapitre déjà évoqué.
Répondant à la question des disciples, Jésus s’exprime tout simplement ainsi : « Venez et vous verrez ». Il nous convie à marcher avec Lui, il me convie à partager du temps avec Lui. Les disciples voulaient connaître le lieu où il demeure, et voilà qu’il fait suivre leur question par une invitation. Il ne dit pas : « Revenez dans deux semaines et on verra mon agenda ». Il ne recommande pas une journée d’étude sur les bénéfices et les pertes d’une telle invitation. Il se rend disponible et ouvre la porte de sa demeure, de son être, à ceux et celles qui l’ont demandé. La disponibilité de Jésus est un appel et un devis, invitant chaque être humain à y répondre favorablement, à l’exemple des disciples de Jésus.
Ce qui est positif dans cet épisode, c’est que les disciples acceptent cette invitation : « Ils allèrent donc … », nous déclare le récit évangélique, et cela signifie qu’ils se rendent disponibles. L’Évangile poursuit : « … et ils virent ». Si je comprends bien ces paroles, je dois admettre que notre vision de l’autre dépend de notre disponibilité à demeurer avec cet autre, disponibilité accordée qui se rend attentive, accueillante aux mouvements de tout l’être. La vision intérieure n’est pas qu’une somme d’informations accumulées à propos de l’autre. La juste vision de l’autre n’est possible qu’à partir de l’hospitalité consentie à l’autre.
Ces paroles de Jean m’inspirent confiance en l’autre, en Dieu et en moi-même. Me reviennent les déclarations de sainte Élisabeth de la Trinité : « IL est toujours vivant, toujours à l’œuvre dans notre âme. » Laissons-nous bâtir par Lui et qu’Il soit l’âme de notre âme, la Vie de notre vie, pour que nous puissions dire avec saint Paul : « VIVRE POUR MOI C’EST JÉSUS-CHRIST ».
Pour oser une telle aventure, il nous faut reconnaître que Dieu vient vers nous, au plus intime de nous-mêmes. Notre vie nous est donnée pour nous enraciner de plus en plus en Dieu. Nous n’avons pas à sortir de nous pour Le trouver : « Le royaume de Dieu est au-dedans ».
De nouveau, écoutons Élisabeth de la Trinité : « Il me semble que j’ai trouvé mon ciel sur la terre, puisque le ciel, c’est Dieu … et Dieu, c’est mon âme. Le jour où j’ai compris cela, tout s’est illuminé en moi, et je voudrais dire ce secret tout bas à ceux que j’aime, afin qu’eux aussi, à travers tout, adhèrent toujours à Dieu! … ». Donc, le prochain est également reconnu comme le Temple de cette présence de Dieu.
Et ce prochain est mon ami ou, tout au moins, apte à devenir l’ami le plus proche. Selon l’Évangile de Jean, nous sommes frères et sœurs dès le départ. Toutes et tous, – moi inclus – , nous sommes créés à l’image de Dieu! Voilà un vaste défi !!! C’est aussi mon défi personnel. Dieu m’appelle « mon ami » et, sur ce chemin de l’amitié, avec Dieu et mon prochain, je veux devenir et demeurer son disciple.
Oserai-je demeurer dans cette amitié de Dieu et du prochain ??? C’est une question, et cette invitation m’habite constamment.
Ce dimanche, nous célébrons la fête de l’Ascension. Demandons au Seigneur la grâce de ne pas être contaminés par le virus de l’indifférence, et d’être toujours présents dans notre propre vie et dans la vie des autres.
Bonne Fête de l’Ascension à toutes et à tous!
Édouard Shatov
Faut-il souffrir ?