Au moment où j’écris ces lignes, mon frère François prend en charge le voilier d’une tierce personne de Halifax jusqu’au Portugal. Vous conviendrez que la traversée de l’Atlantique à la voile n’est pas une mince aventure mais je suis sûr que lui et ses trois co-équipiers vivent le parfait bonheur. François possède un petit voilier qui peut accommoder deux ou trois personnes. Il est ancré au bord du lac où nous avons notre chalet en Estrie et il n’attend qu’une température favorable pour m’offrir une sortie sur l’eau qui nous comblera de plaisir et de repos.
Je ne suis pas un expert en voile, loin de là ; je n’oserais pas m’aventurer tout seul. D’une certaine manière, François m’a appris le goût de passer du temps sur l’eau et de reconnaître les astuces du vent qu’il faut observer et utiliser à bon escient. Un frimas à la surface de l’eau laisse deviner que le vent vient de telle direction et révèle l’invisible réalité. En captant cette brise à l’angle désiré, on peut voguer à une vitesse surprenante. La voile se gonfle au maximum et je dois faire contrepoids pour assurer la stabilité du voilier. Mon frère me dit de me porter encore plus hors du bateau à mesure que le vent devient plus fort et nous filons à bonne allure. J’ai ainsi pu découvrir (mais pas vraiment maîtriser) le mystère et la puissance du vent. La sortie en voilier nous a paru de quelques minutes. Pourtant nous avons bien passé trois heures de pur délice et de bonne santé. À ne pas oublier : la crème solaire et le gilet de sauvetage…
Sortir en voile est une aventure et on peut s’attendre à des surprises. Si ces nuages gris deviennent soudain une tempête estivale, il vaut mieux rentrer vite au port. Si, par contre, le ciel est dégagé et le soleil radieux, on peut profiter d’un moment très agréable à bord. Il y a tout de même quelques règles de base à ne pas oublier et quelques techniques à maîtriser. Habituellement, mon frère s’occupe du gouvernail et de la grande voile alors qu’il m’indique les manœuvres pour le contrôle de la voile avant. Lorsqu’arrive le moment de tourner, à l’approche du rivage, une coordination de mouvements est nécessaire. Une distraction et c’est la catastrophe. Il faut constamment être sur ses gardes et réagir rapido. Pas beaucoup de place à l’improvisation…
La voile, c’est un peu une parabole de la vie. Nous rencontrons toutes sortes de conditions favorables (des amis, de bonnes occasions, du succès en affaires, un ministère fructueux, etc.) et parfois des moments plus difficiles (des problèmes de santé, des disputes ou incompréhensions, de la fatigue, une insécurité face à l’avenir, etc.). Il n’est pas facile de deviner quels seront les vents qui croiseront notre route mais il nous faudra toujours faire les bons choix afin de naviguer dans la vie avec l’espoir d’être heureux. Les eaux les meilleures pour faire gonfler nos voiles sont : la générosité, l’honnêteté, le service désintéressé, la passion pour une cause valable, la foi en son Créateur, le travail assidu, la patience, la fidélité à ses engagements et la gentillesse en tout temps. Alors on est assuré d’une ballade qui a un prix d’or…Que l’Esprit gonfle vos voiles et vous mène en sureté jusqu’à bon port!
Père Gilles Blouin
Assomptionniste
Heureux ceux qui croient sans avoir vu