19 juin 2022 Le Saint Sacrement, année C – Luc 9, 11b-17
Lectures de ce jour
Pour la fête du Corps et du Sang du Christ, nous lisons un récit de multiplication des pains extrait du chapitre 9 de l’Évangile de Luc. Le fait raconté par ce texte nous invite à faire le lien entre le Corps et du Sang du Christ et l’Eucharistie : ce que Luc a très certainement voulu suggérer, car il décrit les gestes de Jésus avec les termes mêmes de la liturgie eucharistique. Le Corps et le Sang de quelqu’un signifie une présence ; et Jésus fait naître le règne de Dieu, sa présence, parmi nous.
Mémoire de l’Hospitalité
Tout d’abord il faut avoir le souci de l’autre. Les disciples le rappellent à Jésus et attirent son attention sur le fait que « le jour commençait à baisser » et très sagement lui suggèrent une solution : il faut disperser cette foule, renvoyer tout le monde. Il faut que chacun règle son problème de logement et de nourriture. Or Jésus ne retient pas cette solution de dispersion. Peut-être parce que le Règne de Dieu qu’il annonce ne rentre pas dans la logique des solutions de dispersion. Le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement et il ne s’accommode pas du « chacun pour soi ». Celui qui dit rassemblement et communion, dit en même temps « accueil et hospitalité ». Comme Melchisédech accueille Abraham, Jésus, la révélation de Dieu, nous accueille avec le don du pain et du vin et avec une bénédiction. La bénédiction de Dieu n’exige aucune condition préalable. Dans l’offrande du pain et du vin, scellant un repas d’Alliance, offerte par les mains du roi de justice et de paix, vrai roi, vrai prêtre du Dieu Très-Haut, nous reconnaissons le geste du Christ. Nous découvrons la continuité du projet de Dieu à travers les paroles que nous prions à chaque Eucharistie : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui donnes ce pain et ce vin… »
Mémoire de Reconnaissance
Jésus suggère sa solution à lui et elle invite les disciples à donner à manger à la foule. Sa solution, elle est facile à dire, mais comment faire ? À la différence de Jésus nous pouvons dire que les disciples sont réalistes, eux : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons ». Pour un petit groupe ça irait, peut-être, mais pour cinq mille hommes, c’est dérisoire. Ils ont raison, mille fois raison ! À vues humaines c’est impossible. Les disciples suggèrent une autre solution, celle de l’achat de nourriture. Ça évite la dispersion. Mais visiblement ce n’est pas une solution d’inspiration divine. Les disciples ne sont pas les fonctionnaires ou les marchands de Dieu au grand supermarché de la grâce divine. Si Jésus invite ses disciples, donc nous aussi, à donner à manger aux autres, ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras. Si Jésus leur dit de nourrir eux-mêmes la foule, c’est qu’ils en ont les moyens. Et nous aussi ! Jésus nous invite donc à découvrir que nous avons des ressources insoupçonnées, mais à condition de tout reconnaître comme don de Dieu.
Mémoire du Partage
Jésus rappelle à ses disciples donc à nous, que nous en sommes capables, même si nous n’osons pas le croire. Nous sommes invités à prononcer une parole de bénédiction sur les autres et au geste du partage. Nous sommes invités à reconnaître que nous sommes reliés les uns aux autres. Si ce texte nous est proposé à nous, aujourd’hui, à notre tour, c’est que Jésus, devant les affamés du monde entier, nous dit aujourd’hui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et nous aussi, comme les disciples, avons des ressources que nous ignorons. À condition de reconnaître nos richesses de toutes sortes comme dons de Dieu et de nous considérer, nous, comme de simples intendants invités au partage. L’accommodation raisonnable pour Dieu n’est pas celle du « chacun pour soi » mais du « solidaires les uns des autres ». Alors le lien entre cette multiplication des pains et la Fête du Corps et du Sang du Christ s’éclaire ; l’ordre du Seigneur « Vous ferez cela en mémoire de moi » consiste en une célébration et dans le service des autres pour multiplier et partager les richesses du monde et être solidaires les uns des autres.
Édouard Shatov, assomptionniste
Pour suivre le Christ, il suffit d’aimer