« Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension… ». Ouvrir le cœur de quelqu’un à la compréhension de la réalité du monde, de soi, de notre prochain et de Dieu n’est pas une mince affaire. Tout au contraire, il s’agit sans doute de la contemplation ultime de toute notre vie : Ouvrir l’intelligence à la contemplation !
Jésus, dans l’Évangile de Luc, ouvre l’intelligence des disciples à la compréhension des Écritures. S’ouvrir à la Parole de vie est une grâce, un défi et aussi un engagement. Si nous ouvrons notre intelligence à la compréhension de l’autre, c’est pour mieux demeurer avec l’autre afin de découvrir la profondeur de son identité et de la nôtre. Cette ouverture exige de notre part une hospitalité sans mesure, une tolérance et une fidélité infinies.
Dans ces dispositions se développe la liberté humaine : « La vraie liberté suppose la fidélité, tout comme la fidélité ne peut se concevoir sans liberté ! Liberté POUR, plus que la liberté DE ». Cette dernière citation est tirée du livre de René Poujol, Catholique en liberté, publié récemment aux éditions Salvator. Cet ouvrage, comme son auteur d’ailleurs, a la fraîcheur de l’intelligence et la vivacité de l’écoute. Il nous rappelle que toute liberté exige l’éclairage de la tradition, de la raison et de l’expérience.
Si nous écoutons la Parole de Dieu avec l’aide de ces éclairages, c’est précisément pour nous permettre de grandir sur le chemin de la vie humaine dans laquelle nous vivons. Et c’est dans la bienveillante écoute du monde tel qu’on le voit que se vérifie notre écoute de Dieu dont la présence demande une écoute encore plus subtile.
Une telle écoute fait naître une question fondamentale chez René Poujol : « Serons-nous au rendez-vous si nous restons prudemment en retrait du précepte évangélique « … d’être dans le monde sans être du monde ? ». Allons-nous donner force au soupçon de Charles Péguy : « Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient qu’ils sont de Dieu ».
Pour nous inciter à écouter la Parole de Dieu, le Pape François a institué le Dimanche de la Parole de Dieu, chaque année, au troisième dimanche du temps ordinaire. Cette année, cet évènement se situe au 26 janvier. Ainsi parle le Pape : « Que le Dimanche de la Parole de Dieu puisse faire grandir dans le peuple du Seigneur, la religiosité et l’assiduité familière avec les Saintes Écritures, comme l’auteur sacré l’enseignait déjà dans les temps anciens : « Elle est tout près de toi cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique ».
Pour écouter le monde dans toute sa beauté et sa complexité, je vous suggère la lecture de ce livre de René Poujol : Catholique en liberté. Cette écoute de Dieu et du monde est nécessaire, comme le formule si bien cet auteur qui veut nous ouvrir à trois réalités vitales.
Retrouver la flamme ardente de l’Évangile, derrière les excès du centralisme du cléricalisme, du dogmatisme et du moralisme. Nous accepter nous-mêmes différents avant de nous faire des procès réciproques en infidélité, marcher fraternellement avec nos contemporains avant de faire la morale. Redire que les chrétiens n’ont pas le monopole de la vertu et du souci du Bien commun, mais que notre foi en Dieu transcendant nourrit un questionnement éthique et spirituel au service de l’humain.
L’écoute nous dérangera toujours! Être libre, ne serait-ce pas accepter d’être dérangé ?
Édouard Shatov
L’indifférence