13 décembre 2020 3e dimanche de l’Avent B – Jean 1,6-8.19-28
La pandémie met à l’épreuve notre joie de célébrer l’Eucharistie, non seulement en limitant le nombre des participants, mais aussi en enlevant la possibilité de chanter de vive voix à tout le monde, à l’exception du chantre désigné. Au sujet des chants, des membres d’une chorale quelque part discutaient de l’ordre de deux premiers couplets de « Agneau de Dieu qui prends nos péchés ». L’auteur de ce chant avait écrit comme premier couplet « Tu donnes joie au monde » et comme deuxième « tu donnes vie au monde » ; le troisième étant « tu donnes paix ». Pour certains membres de la chorale, cet auteur aurait pu commencer par « tu donnes vie », car il faut d’abord être en vie pour être joyeux. D’autres soutenaient l’ordre voulu par l’auteur en référant à certains penseurs de l’art qui accordent une importance primordiale à la joie pour la vie heureuse : la joie des parents lors de la conception de leur enfant désiré vivre joyeux.
La Parole de Dieu d’aujourd’hui et ce troisième dimanche de l’avent nous donnent d’entendre et de vivre la joie qui précède l’accomplissement, voire qui y préside. S’il fallait la définir, la joie en elle-même désigne ce sentiment d’accomplissement, de réussite, de succès ou de béatitude et ses expressions – corporelles, vocaliques, matérielles, scripturaires. En ce sens, elle semble complexe de se situer à l’avant qui est plutôt caractérisé par une certaine anxiété et une concentration liée aux préparatifs. Comme moteur d’accomplissement, elle est de l’ordre de l’espérance confiante et elle est même provoquée. L’ange du Seigneur la suscite en Marie : réjouis-toi Marie, une réussite s’en vient au monde par toi. Pour Marie, pour nous chrétiens et pour le monde, cette réussite désignant la joie a un nom. C’est Jésus, fils de Dieu. À en croire Jean le Baptiste, ce Jésus est la lumière de ce monde obscurci par les maladies, les guerres, les violences de tout genre, la haine, etc.
En ce temps d’attente ou d’espérance de sa venue, l’apôtre Paul provoque notre joie au milieu des tourments : « Soyez toujours dans la joie. » À cette joie, il lie la prière sans relâche et l’action de grâce en toute circonstance ainsi qu’une attention particulière aux prophéties dans le discernement. Le prophète Isaïe se réjouit notamment de mener en quelque sorte une vie messianique ou la vie à la lumière du Messie présent par son Esprit qui le précède : l’Esprit du Seigneur est sur moi. Cet Esprit est royal ; il couvre le prophète du manteau de la justice et lui donne d’accomplir des œuvres de ce type : guérir, délivrer, libérer, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ; rendre témoignage à la lumière, comme Jean le Baptiste.
Et nous disciples missionnaires, sans nous prendre pour le Christ tout en l’étant en même temps, nous sommes les reflets de la joie qu’il vient apporter au monde. Par son alliance faite avec nous au baptême, il nous confie son annonce au monde qui semble ingrat et hostile – le désert dans lequel sa voix crie –, mais dont il a la tâche de vivifier. Par la place primordiale que nous lui accordons, lui étant la source et l’amont de la joie, nous vivons déjà cette joie de sa venue comme ses précurseurs et ses envoyés engagés dans le monde auprès des nécessiteux pour que ce monde soit un lieu éclairé où il fait beau vivre.
Sadiki Kyavumba
La rencontre de Jésus avec une femme de Samarie