
Le 2 mars 2025 8e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 6, 39-45
«La poutre et la paille» – cette image de l’évangile de Luc a inspiré une multitude des commentaires et une multitude d’images dérivées. Toutefois il me semble que le passage de l’évangile de Luc au chapitre 6 attire notre attention sur notre vie d’intériorité et sur le souci de toujours et d’abord en prendre soin.
Adopter une attitude
«Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas?» Voici que l’évangéliste Luc nous présente le premier pas de la vie spirituelle qui développe et élargit notre intériorité. Regarder notre propre œil. Mais c’est précisément là qu’il y a une immense difficulté. Comment peut-on regarder son propre œil? Nous savons que c’est tout à fait impossible. Il me semble que saint Luc nous donne un indice comment nous pouvons faire cela dans le chapitre 15 de son évangile quand il dit en parlant du fils cadet qui a dépensé toute sa fortune: «et entrant en lui-même». Voici le pas que nous sommes invités à faire – «entrer en nous-mêmes!» Au lieu de nous projeter tout le temps à l’extérieur de nous-mêmes l’évangile de Luc au chapitre 6 nous invite à nous plonger dans les profondeurs insondables de notre intériorité.
Tourner regard vers l’intérieur
Une chose étonnante – apparemment si on se plonge dans notre intérieur, et même si on découvre la poutre qu’il nous faut enlever dans notre œil – ce n’est plus épeurant ou culpabilisant. Cette redite devient juste un aspect de notre vie de laquelle il faut prendre soin et travailler. En fait nous découvrons que dans note œil et dans notre cœur – parce que l’œil est la lampe du cœur, comme le dit l’évangile – il y a beaucoup plus que nous puissions imaginer. L’Évangile de Luc nous le dit avec une simplicité étonnante: «L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon… car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur.»
Découvrir les richesses de la bénédiction
L’évangéliste nous invite en fait à découvrir ce que déborde notre cœur! Et étant donné que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, notre cœur doit déborder de bonté. Toutefois, ne soyons pas dupes, l’Écriture nous rappelle assez souvent que le cœur de l’homme est malade et compliqué. Mais l’Écriture nous rappelle aussi que même si ce cœur est malade et compliqué, ce cœur est capable de conversion et de bonté profonde et véridique. Cette bonté s’exprime tout d’abord dans les paroles. Chacun et chacune d’entre nous rendons visite, et dois-je dire audible, à l’intériorité de notre cœur par les paroles qui sortent de notre bouche, mais surtout de notre cœur. «La parole fait connaître les sentiments» nous dit le livre de Ben Sira le Sage. Nous sommes invités à dire et à devenir des paroles de bénédiction. «Bénir» – c’est littéralement «parler en bien» ou «bien parler».
Alors, tout autour de nous va devenir une lumière. Nous ne chercherons plus les pailles chez l’autre et n’ignorons plus les poutres en nous. Tout simplement nous regarderons, nous contemplerons le monde autour de nous avec la gratitude et avec le psalmiste nous chanterons: «il est bon de rendre grâce… d’annoncer dès le matin l’amour du Seigneur, sa fidélité au long des nuits!»
Édouard Shatov, augustin de l’Assomption
Ressusciter ou disparaître ?