La phrase bien connue du souhait annuel n’étonne personne et on aime la prendre au sérieux même si l’on est bien conscient, au fond, qu’elle n’est guère plus qu’une formule de politesse. Une formule dite « d’usage ». Mais en y réfléchissant un tout petit peu, on se demanderait à quel « usage » cette formule est destinée et on arriverait sans doute à ceci que cette formule est prononcée pour entretenir la joie en annonçant que tout ira bien. Non pas que nous soyons tous crédules ou affabulateurs, mais je suis assez d’accord avec le philosophe qui dit que cette formule exprime une grande vérité que « quand on est heureux avant l’effet, on est disposé le mieux qu’il se peut pour obtenir l’effet lui-même ».
« JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE ET HEUREUSE ANNÉE ! »
Au moment où les jours tournent sur leurs gonds laissant apparaître une nouvelle série que l’on appellera une nouvelle année, il n’est plus temps de gémir. On le sent bien. Et l’on sent en même temps comme une discrète poussée d’espoir : l’automne a fini son méchant travail de jeter les plantes au sol, de tout recouvrir de son obscurité et d’imposer ses journées abusivement courtes. Le premier jour de janvier, allez savoir pourquoi, le temps lui-même semble, lui aussi, avoir tourné sur ses gonds et voilà que l’espoir d’un renouveau s’installe en force au plus profond de nous-mêmes. Janvier, c’est le temps d’une sorte d’aurore que l’on se souhaite aussi rose que celles d’Homère.
« JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE ET HEUREUSE ANNÉE ! »
Ainsi, est-il nécessaire d’ajouter que souhaiter une bonne et heureuse année n’est pas inviter à désirer une bonne et heureuse année ? Le Désir ne suffit pas, il faut le Vouloir. Le désir, dit le philosophe, est un bien petit personnage, il n’est que rêverie. Voilà bien des catégories qui nous surprendront mais à y regarder de près, on en conviendra : désirer être peintre ne fait pas de nous un peintre, mais celle ou celui qui « veut » être peintre y mettra tout son cœur, toutes ses journées, toutes ses heures, tous ses rêves. D’où il faut comprendre que la formule presque usée « Je vous souhaite une bonne et heureuse année » dit, en fait : « Je souhaite que l’année qui commence vous trouvera en train de mettre tout votre vouloir à être heureuse et heureux ». Le désir ne nous engage pas, il est capricieux, il attend, anxieux par la crainte ; il se satisfait par-ci, par-là, d’un ressenti, d’un frisson intérieur ; et passager. La volonté, elle, est conquérante et déterminée. Le désir est imagination, superstition ; la volonté est terre à terre et concrète ; elle est détermination et conquête. Elle tient au corps dans la durée. Et elle s’appelle, à la fin de l’année, le Bonheur.
« JE VOUS SOUHAITE UNE BONNE ET HEUREUSE ANNÉE ! »
MONIQUE LORTIE, M.A., phi.
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Retraite du Sacré-Cœur: Homélie de Mgr Marc Pelchat