Une vie sans examen ne vaut pas d’être vécue, avait dit le fin Socrate. Au moment de fermer l’année 2019, essayons de prendre au sérieux cette énigmatique phrase socratique et examinons un petit aspect de ce qui commencera bientôt pour nous : le Temps des Fêtes.
Ou bien, dès janvier 2020, le Temps des Fêtes 2019 aura basculé dans le néant sans autre forme de procès, ou bien il y aura là du sens qui mérite d’être médité. Aussi, arrêtons-nous encore une fois ensemble sur le sens des cadeaux ; le Temps des Fêtes, c’est le temps des cadeaux, après tout.
Nous ne sommes pas sans remarquer que si certains considèrent ce temps des cadeaux avec enthousiasme, d’autres le vivent avec une pointe de ressentiment. Même événement, différentes appréciations, différents jugements. Que signifient donc, dans leur vérité objective, les cadeaux ?
Le cadeau est beaucoup moins ambigu qu’on ne le croit ; son histoire, qui remonte aux temps anciens, est très belle, comme on le verra par cette fable. D’abord il faut savoir que Kadeau est de la famille des Chefs, des Maîtres, de ces puissants propriétaires terriens qui possèdent une tête bien faite* et un cheptel qui impose l’admiration. Par son père, Kadeau est toute richesse et abondance, tandis que par sa mère, il est tout amour et don. Kadeau, dès sa naissance, était ainsi de nature abondante, aimante et généreuse. Or un jour, une fée malveillante aurait, à ce que l’on dit, glissé un grain de pauvreté dans son berceau… À l’instant même, Kadeau est devenu, et pour toujours, un être dépendant, esclave de celui qui le reçoit.
C’est ainsi que le cadeau est dorénavant et pour toujours un être paradoxal, sans cesse en quête de reconnaissance en même temps qu’il aime à se donner généreusement.
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Méditation. Qu’est-ce donc, nous demanderons-nous alors, qui est « reconnu » dans un cadeau ? Eh bien, c’est la double présence, simultanée, de moi et de l’autre : je ne suis plus seul(e) en ce monde, j’aime et je suis aimé(e). Un cadeau dans sa réalité de cadeau n’est pas cette chose matérielle placée là, sous le sapin ; un cadeau n’est pas une chose. Un cadeau a la nature d’un « intermédiaire ». Sa valeur tient dans un étonnant jeu des contraires : donner suppose toujours, et en même temps, un prendre*. Maintenant, souvenons-nous des premiers cadeaux de l’histoire de la chrétienté, ceux que, selon le mythe, des rois sages et riches apportèrent au petit Jésus couché humblement dans la paille. Richesse et pauvreté, reconnaissance et désir, offrande et quête.
Le cadeau est tout sauf cette chose dans ma main ; il est, essentiellement, une présence.
MONIQUE LORTIE (lortie.monique@gmail.com)
* Texte déjà paru dans l’éditorial de l’infolettre du Montmartre, 2016.
* KAP – I, de l’indo-européen.
* « The more I give, the more I have. », Romeo and Juliet, Shakespeare.
Sacré-Cœur de Jésus, ce cœur qui bat avec tant d’amour en moi, en nous