29 janvier 2023 4e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 5, 1-12a
L’évangile selon saint Matthieu est structuré autour de cinq discours qui sont comme des piliers pour en comprendre la construction : le discours en paraboles, le discours sur la communauté, sur la mission… mais le premier, le plus long et le mieux connu est le discours sur la montagne, ou Sermon sur la montagne, les chapitres 5-6-7. Nous allons entendre aujourd’hui son introduction : les béatitudes. N’allons pas penser que c’est là un discours continu de Jésus. Il s’agit plutôt d’enseignements qu’il a prononcés en des moments variés, réunis ici par l’évangéliste pour constituer ce que plusieurs appellent : la charte de la vie chrétienne ou comment doit vivre un véritable disciple du Seigneur.
Heureux ! Qui ne rêve pas de bonheur ? Mais derrière ce mot, on pourrait mettre plusieurs définitions selon les personnes. Notre société d’aujourd’hui a ses critères de réussite, de performance, d’autonomie, de succès tout azimut. Voyez quels sont nos héros dans les domaines du sport, de la scène, du cinéma, des affaires ou de la politique. On vous vendra du bonheur comme dans les publicités de marque de savon, de voitures ou de destinations soleil. L’évangile, à coup sûr, nous propose de tout autres critères de bonheur qui ont goût d’éternité.
Notre expérience humaine du bonheur consisterait en un certain bien-être, une vie en harmonie avec soi et avec ceux dont nous sommes proches, le bonheur de se savoir aimé, apprécié, respecté. Tout cela peut nous rendre heureux, nous faire aimer la vie. Mais est-ce suffisant ? Jésus nous propose dans les béatitudes un chemin peut-être plus difficile et exigeant mais quelle espérance !
La première béatitude peut résumer toutes les autres : Heureux les pauvres en esprit. Dans la bible, qu’est-ce que cela veut dire ? Je vous réfère à la première lecture d’aujourd’hui : ‘Cherchez le Seigneur, vous les pauvres du pays qui accomplissez sa loi. Cherchez la justice, cherchez l’humilité… Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit.’ Ces pauvres, dans le langage biblique, ce sont les anawim, ce petit reste d’Israël qui, comme une jeune pousse, fera se lever un peuple nouveau selon le cœur de Dieu. Nous sommes appelés à devenir ces disciples du Seigneur qui mettent en lui leur confiance parce qu’ils ont vu et contemplé tout l’amour que Dieu a déployé au long des âges. Cet amour a un nom : Jésus Christ.
‘Heureux les pauvres en esprit!’ Les pauvres, ce sont les humiliés, ceux qui ne peuvent compter sur leur propre force pour défendre leurs droits. Ils sont le contraire des orgueilleux, ceux qui n’ont besoin de personne d’autres. Heureux les doux, les pacificateurs, les cœurs purs (c’est-à-dire droits), ceux qui font miséricorde, qui sont capables de pleurer avec ceux qui sont dans la peine, les assoiffés de justice, même les persécutés, ces martyrs des temps modernes : CAR LE ROYAUME DES CIEUX EST À EUX. Déjà ils vivent dans le cœur de Dieu. Il faut une dose d’intériorité pour comprendre et vivre de cela ; il faut avoir mastiqué et ruminé l’évangile pour comprendre le sens des béatitudes. Nous le pouvons si nous acceptons que notre baptême nous ouvre la porte, tous autant que nous sommes, pour marcher sur les chemins de la sainteté. Rien de moins.
Père Gilles Blouin, assomptionniste
Dimanche missionnaire mondial