C’est les vacances. Puisque personne ne peut « partir » en vacances cet été, je ne pars pas moi non plus ; et je fais mon billet habituel. Mais pour rendre l’affaire plus légère, j’ai cueilli pour vous dans un petit livre adorable, quelques lignes, quelques fleurs, quelques odeurs plutôt qui égayeront vos journées pour le reste de l’été. Du moins, c’est ce que je souhaite et espère. Non, ce n’est pas paresse, mais désir de partager avec vous toutes et tous un peu du parfum qui a été mis là, dans les lignes que vous lirez, par un auteur que je ne connais pas et que j’aimerai ne pas trahir. Il y a malgré tout dans ses mots un peu de moi aussi puisque je les ai aimés…
On dit que réduits au Confinement, nous avons le sentiment d’avoir perdu nos repères. Il se pourrait même que ce soit là la source d’une grande angoisse qui semble se répandre et s’installer chez plusieurs.
Aussi, je propose aujourd’hui, pour mâter cet état pénible, d’instaurer chez soi la belle et antique tradition de l’Heure du Thé. C’est au VIIIᵉ siècle, raconte l’auteur Kakuzo Okakuga, que le thé fait son entrée en Chine, « dans le royaume de la poésie ». Puis, le Japon l’ennoblit en en faisant une religion esthétique, le théisme.
« Le théisme fut un culte fondé sur l’adoration du beau. Il inspire la pureté et l’harmonie, le mystère de la charité mutuelle, le sens du romantisme. (…) Mais la philosophie du thé n’est pas une simple esthétique car elle nous aide à exprimer conjointement avec l’éthique et la religion, notre conception de l’homme et de la nature. C’est une hygiène car elle oblige à la propreté ; c’est une économie, car elle démontre que le bien-être réside beaucoup plus dans la simplicité que dans la complexité et la dépense ; c’est une géométrie morale, car elle définit le sens de notre proportion par rapport à l’univers. Elle représente enfin le véritable esprit démocratique en ce qu’elle fait de tous ses adeptes des aristocrates du goût. »
« Un étranger comme nous s’étonnera que l’on puisse faire à propos du thé tant de bruit pour rien. « Quelle tempête dans une tasse de thé », dira-t-il. C’est qu’il aura été incapable de goûter dans le liquide ambré qui emplit la tasse de porcelaine ivoirine, l’exquise réserve de Confucius, le piquant de Lao-tseu, et l’arôme éthéré de Sakiamuni* lui-même. »
Ainsi, tout est bien qui finit bien, puis-je ajouter pour rester dans la tonalité shakespearienne de notre auteur ; nous avons la recette pour faire de notre été de confinement, voire d’angoisse, un espace sacré. Il suffira d’instaurer chez soi, et pour soi, le rituel, quotidien, de l’Heure du thé. Chaque jour, à la même heure, sortez votre belle porcelaine, théière et tasse, fermez légèrement les yeux, et humez l’odeur exquise d’une Tasse de thé ! Puis buvez le liquide antique dans la détente la plus complète. Plus rien n’existe hors l’odeur, le goût, et la petite chaleur dans votre gorge… Moment sublime !
Bonnes vacances !
*Le Bouddha historique.
—————————-
* Pour celles et ceux qui désireraient savoir ce que l’on fait concrètement après ces moments sublimes, inscrivez-vous à mon cours ZOOM, début septembre : « N’OUBLIE PAS DE VIVRE ». (Groupes limités en nombre.)
MONIQUE LORTIE
lortie.monique@gmail.com
Le pain du ciel