Le 15 septembre 2024 24e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 8, 27-35
Certaines paroles de Jésus dérangent. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Ou encore : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra… » Ces paroles heurtent nos manières de penser. Face à la souffrance, les humains adoptent des attitudes ambigües. Ils font tout pour l’éviter eux-mêmes, mais, étrangement, la souffrance des autres agit sur eux comme un aimant.
Autrefois, les Romains couraient voir les gladiateurs s’entretuer ou allaient au Colisée voir des lions déchiqueter leurs victimes. Ce genre de spectacle n’est plus toléré. D’autres formes sont offertes par la production de films, de séries télévisées et même de jeux vidéo où détruire l’ennemi sert de règle.
Que dit la Parole de Dieu ? Encourage-t-elle la violence et la souffrance qui en résulte ?
Un mal à combattre
Jésus a soulagé la souffrance : guérisons de maladies ou handicaps, libération de possédés, résurrection de morts et pardon des péchés, etc. Dans la parabole du jugement dernier, Il fait de la lutte contre la misère l’unique critère du jugement, en s’identifiant à toute personne en besoin. « J’avais faim et soif et vous m’avez donné à manger, … »
Nous devons combattre la souffrance sous toutes ses formes. La médecine permet désormais de guérir. Réjouissons-nous de telles avancées. Des médicaments soulagent la douleur physique. Mais éliminer la souffrance psychologique et morale, incluant la peur de souffrir demeure un défi.
La souffrance de Jésus
Jésus monte à Jérusalem, sachant ce qui l’attend. Il en prévient les apôtres. Il ne recherche pas la mort, mais par fidélité à la mission Il doit affronter les chefs religieux de son peuple. La passion, inévitable, n’est pas un but en soi. Pour Jésus la mort ne marque pas la fin de sa mission; elle ouvre par la résurrection la porte à une vie nouvelle d’où est bannie toute forme de souffrance.
Par expérience nous savons que rien de ne s’acquiert sans effort ou sans douleur. La femme enceinte le sait, mais son regard porte plus loin que l’accouchement. Les athlètes olympiques s’imposent d’énormes sacrifices pour atteindre le sommet de leur discipline.
La suite du Christ
Jusque-là Jésus refusait le titre de Messie. Devant les apôtres qui le fréquentent depuis longtemps, Il accepte le titre. Il leur annonce alors qu’il va souffrir, mourir et ensuite ressusciter.
Pierre et ses contemporains ne peuvent concevoir que le Messie puisse souffrir et mourir. En bloquant la route à Jésus, Pierre veut le protéger. La réponse de Jésus paraît dure: « passe derrière moi, Satan. » Le mot Satan désigne le tentateur, l’adversaire de Dieu. En lui disant « passe derrière moi », Jésus rappelle qu’un disciple doit marcher derrière le Maître et non lui barrer la route. Alors tombe la sentence : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie le perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. » Il ne s’agit pas de perdre sa vie, mais de la donner pour le Christ et le rayonnement de son message.
Porter sa croix c’est assumer son sort en toute sérénité, accepter, sans les rechercher, les souffrances, les misères et les frustrations qui nous échoient et s’engager dans une lutte continue contre la misère.
Nous nous rassemblons pour réentendre l’appel à porter notre croix et nous épauler mutuellement dans ce combat contre la misère; et pour recevoir à travers le pain de vie la force de porter la croix et d’avancer dans l’espérance.
Marcel Poirier, assomptionniste