Commentaire de l'Évangile du dimanche 12 mai 2024 par Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
Le 12 mai 2024 Ascension du Seigneur, année B – Mc 16, 15-20
La chanson Ton départ du chanteur québécois Marc Dupré peut faire écho à la fête des mères et à celle de l’ascension du Seigneur célébrées au Québec ce deuxième dimanche de mai. Dans cette chanson plutôt moins festive, un fils exprime sa peur du prochain départ d’un être cher en la personne de sa mère. En parallèle, les disciples et collaborateurs de Jésus qui le voient s’en aller ; ça devrait leur faire de la peine, non ! Alors, comment disciples et collaborateurs du Christ nous y prendre en son absence pour continuer ? Pour que le départ de Jésus et son absence après l’envoi de ses disciples ne soient pas une catastrophe mais une opportunité, je vous propose d’adopter deux attitudes, de tenir sur deux pieds.
Regard missionnaire
Une première attitude est de porter un regard missionnaire sur qui nous sommes dans ce monde et le considérer comme étant vital pour nous disciples de Jésus. C’est nous imaginer étant envoyés au monde par… Dieu comme ses collaborateurs. Portons ce regard missionnaire en pensant notamment aux situations pour lesquelles nous avons l’impression d’être seuls, de nous battre sans soutien, d’être en perte de vitesse, menacés de disparition ou de survivre presque miraculeusement.
L’envoi des disciples de Jésus par lui avant sa soustraction à leurs yeux fait penser à sa situation dépourvue ou au sentiment de celle-ci. Par rapport à cette situation, il a puisé sa force à quelqu’un invisible, différent d’un proche naturel, dont il se considère comme l’envoyé et qu’il nomme son Père. Ainsi, ses disciples envoyés et qui le voient se soustraire à leurs yeux se rappelleraient leur condition missionnaire et à laquelle ils ont toujours été appelés. Ils se souviendraient notamment de la parole selon laquelle le missionnaire ne s’encombrerait pas de choses et qu’il se ferait accueillir dans toute maison.
Cette condition missionnaire à première vue précaire devrait plutôt creuser notre désir de l’autre à accueillir et à traiter avec diligence comme nous-mêmes. Encore faut-il que cet autre ne soit pas forcément l’auteur de l’envoi à qui plaire, mais toute la création chère à lui et à laquelle annoncer l’Évangile.
Présence figurée
La seconde attitude à adopter sera alors de faire office de présence figurée du Christ absent, faire plus ou moins comme lui aurait tenu ses affaires. Cette représentation figurative du Christ absent peut se faire de deux manières. D’une part, il s’agit d’appliquer aux missionnaires le principe juif ancien selon lequel « l’envoyé est comme celui qui l’envoie ». Ce qui donne lieu à l’appellation apôtre pour désigner également le ministère presbytéral in persona Christi. C’est ainsi que non seulement les ministres ordonnés, mais aussi tous les disciples de Jésus sont exhortés par l’apôtre Paul à se conduire d’une manière digne de leur vocation.
D’autre part et pour nommer un geste concret, la représentation figurative du Christ voudrait que le missionnaire fasse preuve de retrait nécessaire comme Jésus pour laisser libre cours à la créativité par d’autres à qui l’Évangile est annoncé et sans tomber dans l’indifférence. Ce retrait, semblable en quelque sorte au « qu’il grandisse et que je diminue » de Jean le Baptiste, se veut aussi heureuse annonce. En effet, Jésus partage la gloire du Père dans cet écart d’où l’Esprit Saint est envoyé à ses disciples pour insuffler leur œuvre missionnaire et apporter fraicheur au monde qui en a besoin au temps opportun.
Puisse l’ascension de Jésus creuser notre désir de Dieu et des autres dans la perspective missionnaire qui laisse de la place à diverses initiatives évangéliques. Que nous soyons de celles et ceux qui, insufflés de l’Esprit Saint, œuvrent pour que l’Évangile soit au cœur du monde notamment quand il semble ne pas y avoir d’issue à certaines situations. Qu’enfin adviennent par nous l’amitié, l’amour, la douceur, la justice, le respect, la tolérance, le pain et la paix du Christ pour tout le monde.
L’AMOUR ARDENT POUR JÉSUS