« Il n’y a qu’un seul temple dans le monde, c’est le corps humain » écrit Novalis au 18e siècle. Et il ajoute : « qui touche le corps d’un être humain, touche le ciel ». Voilà une déclaration étonnante. C’est elle qui a attiré mon attention en ce début du temps du Carême dans lequel nous sommes entrés avec le Mercredi des Cendres, le 22 février dernier.
Notre vie, nous le savons toutes et tous, nous la vivons dans notre corps. C’est d’ailleurs pour nous, comme chrétiens, un point très important suite à la révélation de Jésus-Christ. Nous croyons à la résurrection de la chair, et comme une conséquence logique, nous prêtons à cette réalité du corps une grande attention. Il ne s’agit pas de nier l’âme – cette partie de notre vie spirituelle – mais il s’agit de réaliser qu’il n’en va pas de la simple immortalité de l’âme, mais du salut de la personne tout entière.
Or nous devons remarquer que, comme c’est le cas chez tous les êtres humains, notre personne tout entière subit plusieurs influences au cours de notre vie. Influences pas toujours positives car nous pouvons aussi tomber dans certaines accoutumances négatives que sont les dépendances de tous ordres et certaines formes d’“esclavages” physiques, émotionnelles et spirituelles.
Toutefois, nous sommes invités à nous rappeler que Dieu qui se révèle dans la Bible et en qui nous croyons est un Dieu qui libère.
Dieu libère ! Considérons cet acte de libération dans un sens très large. Cette idée de libération, précisément, nous rappelle que l’être humain tout en étant tendu naturellement vers la bonté demeure déséquilibré par toutes sortes de penchants mauvais qui l’entraînent sur les chemins de l’esclavage. Ainsi, pour retrouver notre équilibre, notre liberté, nous sommes invités à cheminer avec Dieu, révélé en Jésus-Christ, Dieu qui libère.
Comme l’écrit le pape François dans son message pour le Carême de cette année : « Pendant le Carême nous sommes invités à monter « sur une haute montagne » avec Jésus. Pour approfondir notre connaissance du Maître, pour comprendre et accueillir à fond le mystère du salut divin, réalisé dans le don total de soi par amour, il faut se laisser conduire par lui à l’écart et en hauteur, en se détachant des médiocrités et des vanités. Il faut se mettre en chemin, un chemin qui monte, qui exige effort, sacrifice, concentration, comme une excursion en montagne. »
Ainsi, nous sommes invités à vivre trois gestes, trois attitudes essentielles : l’aumône, le jeûne et la prière.
Toujours dans son message pour le Carême de cette année, le Pape François nous invite à gravir la montagne avec le Seigneur, à nous plonger dans la Parole de Dieu même si nous ne pouvons pas aller à la Messe. Et le Pape François ajoute : « En plus des Écritures, le Seigneur nous parle à travers les frères, surtout par les visages et par les histoires de ceux qui ont besoin d’aide. […] L’écoute du Christ passe aussi à travers l’écoute des frères et des sœurs dans l’Église. »
Faisons de notre Carême un temps d’écoute : écoute des désirs de notre personne tout entière, écoute de notre prochain dans toutes ses complexités, et écoute de Dieu dans tout son mystère.
Élargissons ainsi l’espace de la liberté d’écoute de notre cœur, celui de la liberté de nos vies.
Bonne semaine à toutes et à tous !
Édouard Shatov, Éditorialiste au Montmartre