Billet éditorial, dim, 02 06 2024
Monique Lortie MA phi
Je crois, nous croyons, en Dieu. Pourquoi ? Dieu seul le sait.
Ma réflexion :
Pourquoi éprouvons-nous une joie si intense ces jours-ci à l’arrivée presque brutale de l’été ? Ou même aux seuls signes que l’été, la chaleur, la lumière s’installent chez nous ?
Les arbres se gonflent de feuilles, vertes à outrance ; on les guette tous les jours. Les petites têtes jaunes des pissenlits prennent d’assaut les parterres gazonnés ; les lilas tentent tant bien que mal de faire honneur à leur race…
Bientôt, on le sait, c’est la frénésie des potagers qui s’empare de tout un chacun. Nous cultiverons, dans la joie, des salades, des carottes, et bien sûr, des radis et des tomates. Dans la joie et avec une foi naïve.
Regardez-les bien ces jardiniers des villes et des banlieues. Ne sont-ils pas la preuve que les êtres humains entretiennent une relation originale… avec l’Univers à tout le moins ? Une confiance. Pourquoi sommes-nous ainsi ? Dieu seul le sait…
Ici, il n’est pas besoin de démonstration et la réponse est simple : chacune et chacun de ces jardiniers du dimanche « sait » et « croit » que la toute petite graine noire deviendra carotte. Quelle preuve en avons-nous ?
Plusieurs diront que cette petite graine devient toujours une carotte ; on le sait et on y croit parce qu’on l’a vu. Mais ceci n’explique rien : c’est au mieux, un constat.
D’autres diront que c’est la Nature qui fait la carotte. Elle a bon dos, la nature, et le philosophe Spinoza, le héros de certains philosophes d’aujourd’hui, se fait fort de lui donner la première place : « Au commencement était la nature ! » …
Les jardiniers d’aujourd’hui ne se posent pas cette question : ils savent parce qu’ils croient, comme le dirait à sa manière, saint Augustin, Ils croient que la terre possède tout ce qu’il faut pour engendrer la carotte, la laitue, le radis, la tomate. Comment ça marche ? Dieu seul le sait.
Et notre jardinier, soit-il le plus « incroyant » de tous les êtres humains, croit en une Puissance – en réalité, une Toute-Puissance – qui ne peut manquer d’être à l’œuvre dans son jardin.
Autrement, où trouverait-il cet ardent désir, et cette foi en la terre ?
Mais n’allez pas lui en parler : il vous rira au nez ! Les hommes dorment en plein jour, ils font leur vie en dormant, ne se rendant compte de rien, disait déjà le philosophe Héraclite, il y a plus de deux mille ans. « Ils sont comme des zombies », dira ensuite Einstein.
Et pourtant, le jardinier a sa joie : son jardin fait bien docilement, comme il s’y attendait, en toute confiance, ses carottes, ses radis, ses tomates…
En réalité, il y a quelque chose de tout à fait invraisemblable dans tout ça.
Tout cela ne témoigne-t-il pas, au fond, de ce que même les plus rétifs croient en Dieu ? Que tous, sans doute, nous croyons sans le savoir, tout comme Monsieur Jourdain faisait des vers « sans le savoir ». Pardonnez-nous, nous dormons, j’en ai bien peur !
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Dieu seul connaît et aime l’Univers et le cœur humain…
Quand espérer un salut c’est croire