Le 29 décembre 2024 La Sainte Famille, année C – Lc 2, 41-52
À l’occasion de la célébration de la Sainte Famille, la première lecture nous raconte l’histoire d’un couple – Elcana et Anne – dont la femme, stérile, en vient à donner naissance à un fils, Samuel. La méditation de l’ensemble du récit (1S 1) conduit à s’interroger si Dieu serait un gynécologue ou un détenteur d’une clinique spécialisée en fertilité. Avant de revenir à cette préoccupation, je propose de nous arrêter un moment sur le défi réel de la stérilité.
L’épreuve de l’infertilité
Nous connaissons peut-être des personnes qui ont été ou qui sont aux prises avec l’infertilité. Il peut s’agir d’un membre de famille, d’une connaissance ou de soi-même. Elles ont l’impression d’avoir échoué. En même temps, elles sont pleines d’espoir et ressentent l’amour de certains de leurs proches. Elles sont aussi reconnaissantes envers les équipes soignantes qui font tout pour elles. Ces personnes se sentent brisées après l’échec de chaque nouvelle tentative de traitement et endurent les critiques de leur entourage. Tout cela marque significativement les concernés et, pour les croyants, provoque de sérieuses mises en cause de leur foi en Dieu.
Des femmes stériles devenues mères
À scruter les Écritures, on remarque que beaucoup de couples ont expérimenté l’infertilité. Parmi eux, Abraham et Sarah, Isaac et Rebecca, Elcana et Anne, Zacharie et Elisabeth. Dans le contexte qui était le leur, l’infertilité était attribuée aux seules femmes. Pourtant, toutes ont eu des enfants grâce à l’«intervention» de Dieu qui s’est souvenu d’elles. De femmes stériles, elles sont devenues d’heureuses mères et d’estimées épouses.
Nous qui lisons les récits de leurs parcours aujourd’hui et sommes témoins des situations d’infertilité, nous pouvons nous demander si Dieu aurait cessé d’écouter et de se souvenir de celles et ceux qui expérimentent l’infertilité et d’agir dans leur vie.
Dieu, origine et fin de la vie
Le parcours d’Elcana et Anne nous révèle Dieu comme l’origine et la fin de toute vie. C’est de lui que vient le don de la vie, en l’occurrence la vie d’un enfant. Dieu, qui voit le manque avec lequel composent les humains, donne la vie sans enfreindre les atouts dont ils disposent et leurs modes de fonctionnement. Nous lisons en effet: «Elcana s’unit à Anne sa femme, le Seigneur se souvint d’elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils» (1S 1,19-20). Dieu est aussi celui vers qui tend toute vie. C’est lui qui en donne le sens – orientation et signification. En témoignent les gestes d’Elcana et sa famille de rendre grâce pour la naissance de Samuel et celui d’Anne de le consacrer à Dieu. On peut aussi penser à saint Augustin: «Tu nous as faits pour toi, Seigneur.»
Aujourd’hui, la connaissance sur l’infertilité et les pratiques destinées à la contourner ont beaucoup évolué. Nous avons également acquis une compréhension plus large et diverses expériences de la fécondité qui excèdent la fertilité biologique. Ce sont des motifs d’action de grâce. Tout en reconnaissant la grandeur du cadeau de la maternité, de la paternité et de la vie des fils et des filles, nous pouvons continuer à redécouvrir et à déployer les potentiels qui, en nous et autour de nous, ouvrent des espaces où Dieu peut déposer le don de la vie.
Pacifique Kambale, assomptionniste
Un Cœur Bienveillant