Le 23 mars 2025 3e dimanche du carême, année C – Lc 13, 1-9
Un couple préparait le baptême de leur enfant avec des membres d’une équipe de pastorale. Au cours d’une rencontre, la femme a insinué avoir été non pratiquante ou presque. Intervenant, son conjoint a affirmé avoir été dans la même situation. C’était à la fois comme une excuse pour une certaine façon, la leur, de dire les choses et un désir de changer pour parler comme les professionnels d’Église présents à la rencontre aimeraient entendre. L’un de ceux-ci intervint pour rassurer madame et monsieur comme étant des pratiquants par leur amour. Quant à l’autre membre de l’équipe, il attendait que le couple développe le désir de changer et y soit soutenu.
Deux cas de figure du changement ou de conversion peuvent se déployer à partir de l’Évangile de ce dimanche selon le type de relation à Dieu. D’une part, le changement ayant comme motivation la peur d’une punition dont Dieu menacerait les injustes. À première vue, cette croyance semble admise par Jésus quand il évoque la conversion associée aux victimes de la cruauté de Pilate et à celles de la chute de la tour de Siloé. Jésus ferait indirectement référence à la punition que Dieu infligerait à la troisième ou à la quatrième génération des injustes qui n’ont pas voulu changer (Exode 34,6-7).
Pourtant Jésus parle en même temps des plus grands pécheurs qui ne sont pas pour autant punis. Par cette remarque, il refuse d’associer Dieu à une logique punitive proportionnelle sans nier l’importance pour les injustes de changer. Ainsi, la cruauté de Pilate et la catastrophe de la tour de Siloé sont des absurdités qui n’auraient rien à voir avec la main de Dieu Le Juste. Cependant, Jésus serait en train d’établir les faits en avertissant les gens qui lui ont rapporté l’affaire des Galiléens; il les verrait comme ces injustes ne voulant pas changer et qui se ruinent eux-mêmes en abusant de la patience de Dieu. Peut-être fait-il référence à la logique rétributive pour les stimuler au changement, mais sans adhérer à cette croyance.
D’autre part, l’importance de changer demeure d’actualité sans lien avec la peur d’un Dieu qui punit et ce changement préoccupe le Dieu de tendresse au plus haut point pour le bien de l’humanité et du monde. Au lieu de ruiner son figuier supposé en plein désert, il se laisse interpeller par son vigneron qui prend assidument soin de ce figuier en l’arrosant et lui le maître attend patiemment que celui-ci porte du fruit. C’est ainsi qu’il intervient en envoyant Moïse pour libérer son peuple de l’esclavage et changer le cours de son histoire. Un processus qui se poursuit patiemment de pâques à pâques.
Nous croyons-nous tellement solides sans attendre aucun changement? Faisons alors attention à ne pas tomber, nous prévient Paul. Puisse l’Esprit Saint nous éclairer et nous soutenir en ce temps de carême et au-delà, non seulement pour désirer le changement de notre EGO et celui de notre monde déchiré par des conflits, mais aussi pour vivre ces changements.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste