Commentaire de la Parole de Dieu du dimanche 5 mai 2024 par le Père Gilles Blouin, assomptionniste
Le 5 mai 2024 6e dimanche de Pâques, année B – Jn 15, 9-17
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Si l’évangile ne contenait qu’une seule phrase, j’aimerais que ce soit celle-là. Jean le dit autrement dans la deuxième lecture d’aujourd’hui : « Dieu est amour ». Alors, plus de crainte ; nous sommes entre de bonnes mains ! C’est réconfortant de savoir que le Christ n’est pas venu pour juger le monde mais que par lui nous soyons sauvés. C’est cela la Bonne Nouvelle.
Mais j’aimerais plutôt m’attarder ce matin sur la première lecture, tellement elle est belle et importante pour la vie de l’Église. Vous l’avez entendu, il s’agit de Pierre et de son expérience d’une conversion profonde comme nous la lisons au livre des Actes des Apôtres.
Pierre était à Joppé, un village de Palestine au bord de la méditerranée. Monté sur le toit de la maison à l’heure du midi, il a une vision : un grand drap blanc descend du ciel avec plein d’animaux impurs, c’est-à-dire que les Juifs ne peuvent pas manger. « Tue et mange », dit une voix. « Non, jamais car de ma vie je n’ai mangé d’aliments impurs », répond Pierre. La même scène se répète deux autres fois. Puis la même voix se fait entendre : « Ne déclare pas impur ce que moi j’ai créé pur. »
Des hommes arrivent, envoyés par Corneille, un haut gradé romain, pour amener Pierre dans sa maison de Césarée. Pierre les accompagne et voilà la scène qui se déroule dans la première lecture d’aujourd’hui. Pierre va entrer dans la maison d’un païen et manger à sa table. Il annonce la Bonne Nouvelle à toute la maisonnée puisqu’il vient de comprendre que le salut apporté par Jésus ne s’adresse pas uniquement aux Juifs mais à toutes les nations. Dieu ne fait pas de différence entre les personnes. Son amour est pour tous les humains, bons comme mauvais. Voyant que l’Esprit Saint était descendu sur Corneille et toute sa famille, Pierre ordonna qu’ils soient tous baptisés sur le champ.
Il y a une suite à cette histoire plus loin dans le livre des Actes. Une fois rentré à Jérusalem, Pierre doit s’expliquer devant la communauté scandalisée qu’il soit rentré dans la maison d’un non-circoncis et ait pris le repas avec eux. Pierre reprend toute l’histoire puis leur dit : « Qui étais-je, moi, pour m’opposer aux desseins de Dieu? J’ai compris que l’évangile que nous avons reçu et l’Esprit Saint qui nous a été donné, c’est pour toutes les nations. » Alors, toute la communauté s’est réjouie et a rendu grâce à Dieu.
Est-ce que nous nous rendons compte de ce tournant décisif pour la toute première communauté chrétienne. Cette deuxième Pentecôte allait ouvrir la voie à tout l’élan missionnaire qui porterait l’évangile à tout le monde connu à l’époque et jusqu’à nous aujourd’hui. Cela, c’est grâce à Pierre qui ne s’est pas enfermé dans ses idées reçues mais qui a accueilli la conversion demandée. Il a obéi à l’Esprit Saint.
Il y a une leçon pour nous dans ce récit. Les vues de Dieu ne sont pas nos vues. Le regard de Dieu sur les personnes qui nous entourent peut nous surprendre, ces personnes surtout qui sont différentes de nous par l’origine, la culture, la langue. Notre Dieu est un Dieu d’amour. Son amour nous dépasse et nous surprend parfois. Son pardon aussi. Heureusement ! Seigneur change notre regard. Ouvre notre cœur à la dimension du tien et nous nous réjouirons que tu fais lever ton soleil sur tous, que tu sèmes ton amour et ta paix sur tous tes enfants. AMEN