Au Québec, il y a d’immenses forêts qui constituent notre première richesse naturelle : nous exportons du bois, nous avons plusieurs usines de papier, nous produisons quantité de meubles. Le bois constitue notre principal produit d’exportation, en vrac ou transformé. En survolant le nord du fleuve Saint-Laurent, on s’aperçoit de la richesse incroyable que sont nos forêts. Le seul problème c’est l’accès difficile d’y pénétrer pour assurer les coupes et acheminer le bois vers les centres de transformation. De plus, il y a la neige : 5 mois durant! Mais à l’automne, c’est tout une autre histoire lorsque, avant de tomber, les feuilles changent de couleur : la feuille d’érable s’habille d’un rouge vif, le chêne se drape d’or, le tilleul d’un jaune tendre et le sapin… reste vert foncé. Dieu a tout de même eu du goût en créant la fin septembre et le mois d’octobre ici!
Le bois est précieux dans toutes les civilisations. Des structures sont conçues en bois mais aussi d’élégantes sculptures. On a besoin du bois pour faire le feu pour se chauffer ou se nourrir. Les maisons les plus simples sont faites en bois. Votre journal du matin fut d’abord un arbre. Votre table, votre lit et votre chaise sont peut-être nés du bois. Tout cela peut avoir la vie longue mais le bois n’est pas éternel : le feu peut aussi détruire tout ce qui est fait de bois.
À chaque année, en juin et juillet, le feu détruit des kilomètres de forêt, le plus souvent allumé par la foudre. Nous y sommes habitués et les bulletins de nouvelles les annonçant ne nous émeuvent plus. Nous avons créé un avion spécial qui, en survolant de près l’eau d’un lac, par exemple, engouffre dans son ventre une quantité importante d’eau qui sera déversée sur les flammes afin de limiter la progression du feu destructeur. Le pire ennemi des sapeurs pompiers, c’est le vent. Lorsque le feu est enfin éteint, c’est l’heure de faire le bilan des dommages : que de cendres!
Fait très surprenant, les scientifiques nous disent que c’est une bonne affaire! Cela permet à la nature de se recréer et, de fait, quelques années plus tard non seulement la forêt a récupéré mais s’est améliorée. Des cendres peut surgir une nouvelle création.
Il n’en va pas autrement dans notre vie spirituelle et ce n’est pas sans raison que le carême commence par un rituel qui utilise les cendres. C’est la promesse que de notre condition de pécheurs peut surgir le salut. Pendant six semaines avant Pâques, la liturgie va mettre de l’avant un Dieu Sauveur qui seul peut faire surgir la vie de nos cendres. Si nous professons que nous sommes pécheurs, nous sommes amenés à reconnaître que le Seigneur peut faire le miracle de nous restaurer : de nos cendres, nous renaissons à une vie nouvelle.
Père Gilles Blouin, assomptionniste
Être sel et lumière ?