« Il est des milliards d’univers et chacun d’eux possède un cœur. Lorsqu’on se met à les trouver, on en mesure les profondeurs », a un jour écrit Serge Bouchard, notre célèbre écrivain, chroniqueur, et anthropologue québécois. En cette entrée que nous ferons dans l’année 2020, je nous souhaite de cultiver deux questions : Où était le cœur de mon univers au cours de l’année qui va se terminer dans quelques heures ? Où sera le cœur de mon univers 2020 ?
Avons-nous laissé pousser des baobabs ? dirait le Saint-Exupéry du Petit Prince. Les pousses de baobabs, il faut les surveiller et arracher les nouvelles tous les matins. Quand elles croissent, les pousses de baobabs peuvent vous faire éclater une planète tout entière, la nôtre, par exemple, celle de notre cœur !
Avons-nous pensé que, comme la rose de Ronsard, nous sommes soumis à marâtre Nature et que chaque jour, du matin jusques au soir, il est pressant de « cueillir le jour » ?
Car « le temps s’en va, le temps s’en va ma dame. Las ! le temps non, mais nous nous en allons ! »
Je souhaite qu’au cours de cette année nouvelle, nous apprenions, avec Jacques Prévert, que pour faire le portrait d’un oiseau, il faut savoir attendre. Attendre que l’oiseau arrive dans la cage que nous aurons peinte ; attendre. « Parfois l’oiseau arrive vite mais il peut aussi bien mettre de longues années avant de se décider… la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau n’ayant aucun rapport avec la réussite du tableau ».
Il faut aussi, quand l’oiseau arrive – « s’il arrive », dit le poète –, savoir observer le plus profond silence. Et puis quand il est entré, il faut effacer un à un les barreaux « en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau ». – Combien cela nous amène à revoir avec pleine conscience notre hâte à « éduquer », un peu brusquement parfois, les personnes de notre entourage ; non ? Les poètes sont de terribles connaisseurs dans le domaine du cœur.
Peut-être aussi nous faudra-t-il, en 2020 – je nous le souhaite –, suivre le conseil du Laboureur de La Fontaine et veiller à ne pas « vendre l’héritage que nous ont laissé nos parents ». La Fontaine qui ajoutait : « …un trésor est caché dedans ». Le fabuliste n’a pas cru bon, bien sûr, de préciser qu’au-delà de notre univers matériel, au-delà de notre « champ » de terre et de sang, c’est le Divin que nous trouverons, « au bout de l’an », si nous le cherchons avec « un peu de courage* ».
Chères amies, et vous aussi, chers amis amateur.e.s de métaphores, je vous souhaite une Belle et Bonne Année 2020 !
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* « Courage » dont la racine indo-européenne, KERD, signifie d’abord « cœur ». Souvenons-nous de « Rodrigue, as-tu du cœur ? » de Corneille.
MONIQUE LORTIE
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La foi comme expérience de rencontre avec Jésus