19 mars 2023 4e dimanche de carême, année A – Jn 9, 1-41
« Qui a péché ? Lui ou ses parents ? »
Un enfant nait aveugle. Comment l’expliquer ? La Parole de Dieu nous presse de changer notre regard : passer de l’extérieur, les apparences, à l’intérieur, au cœur, là où Dieu nous invite à entrer dans son Royaume.
Les apparences
Dieu envoie le prophète Samuel à Bethléem pour y sacrer roi celui qui remplacera Saül, rejeté par Dieu. Samuel se rend chez Jessé qui lui présente ses fils. Le Seigneur lui indique qu’il n’a choisi aucun de ceux-là. Samuel, impressionné par la taille et les apparences de l’aîné, l’aurait sacré roi sans hésiter. Le Seigneur lui dit : « Ne considère pas son apparence ni sa haute faille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
Dans notre monde, l’image compte plus que tout. Lors des entrevues d’emploi, v.g. entre 2 femmes de compétence égale, la plus jolie obtiendra probablement l’emploi. Lors des élections, le débat entre 2 candidats influence le résultat du vote. Le plus qualifié n’est pas forcément celui qui a la répartie facile. Les apparences nous fascinent. Le Seigneur, lui, « regarde le cœur », i.e. la vraie valeur de la personne.
À qui la faute ?
Être aveugle. Dépendre des autres pour presque tout. Au temps de Jésus, pour survivre, l’aveugle devait mendier. À son malheur s’ajoutait le soupçon : il y a eu péché. De qui ? Lui ou ses parents ?
Cette manière de réagir demeure. Des personnes, même éloignées de la foi, quand un malheur leur tombe dessus, se demandent : « qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » Nous sommes habités par un sentiment de culpabilité diffus qui refait surface lorsque nous frappe un événement douloureux. À la question « à qui la faute ? » Jésus répond : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. » Une réponse claire : l’aveugle n’y est pour rien et ses parents non plus.
Qui est aveugle ?
Dans cet épisode, qui est aveugle ? L’homme à qui Jésus redonne la vue ? Ou les Pharisiens incapables de reconnaître la guérison ou d’accueillir Jésus comme envoyé de Dieu ? Prisonniers de leur rigidité, ces derniers ne peuvent concevoir que la valeur des personnes passe avant le respect rigoureux de la Loi. « Le sabbat, affirme Jésus, a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » La rigidité peut rendre aveugles des hommes de bonne volonté, comme l’étaient les Scribes et les Pharisiens.
Où est la victoire ?
À sa réponse, Jésus ajoute : « c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ». L’homme serait-il né aveugle pour permettre à Jésus d’opérer un miracle ? Évidemment, non. Derrière la question se cache celle de l’origine du mal qui accable l’humanité. La guérison de l’aveugle montre que Jésus peut vaincre le mal. Ici, la cécité. Son geste annonce une victoire plus grande et plus totale : la victoire sur la mort.
L’aveugle reconnaît d’abord en Jésus un prophète. Mais lorsqu’il le rencontre il lui donne le titre de « Seigneur », titre réservé à Dieu, et il se prosterne devant lui. Jésus n’est pas seulement un guérisseur, mais le Fils de Dieu. De là toute la confiance que nous mettons en Lui.
Samuel jugeait selon les apparences. Pour les dépasser il faut voir plus loin; croire en la victoire du Christ sur le mal et accueillir le projet de Dieu qui nous attend dans son Royaume.
Marcel Poirier, assomptionniste
L’Esprit Saint en nous