Le 1er décembre 2024 1er dimanche de l’Avent, année C – Lc 21, 25-28.34-36
Une image me vient à l’idée en écoutant l’Évangile de ce premier dimanche de l’Avent aux couleurs apocalyptiques, de la révélation, la fin des temps, l’avenir… Cette image est celle du capteur de rêves dans des traditions de certains peuples autochtones au Québec et au Canada.
Une explication légendaire sur l’origine des capteurs de rêves peut être associée à l’Évangile de ce jour. Selon une histoire, une grand-mère aurait empêché son petit-fils de tuer une araignée en plein travail de tissage de sa toile. Pour remercier la grand-mère, l’araignée tissa une toile à l’intérieur d’un cercle, y ajouta des billes et des plumes, l’offrit à la grand-mère en lui disant: «Mets ça à la tête de ton lit. À partir de maintenant, tous tes mauvais rêves seront pris dans la toile. Les beaux rêves passeront à travers les mailles, glisseront sur les plumes et atteindront ton oreille.»
Une association possible de cette histoire qui met de l’avant les rêves avec l’Évangile de ce jour semble à première vue à l’opposé de l’invitation à rester éveillé. Pourtant par cette invitation et celle à prier en tout temps, Jésus serait en train de remettre à ses disciples un capteur de rêves contenus dans l’ensemble du récit.
Dans un premier temps, faisons une lecture rêvée de l’Évangile en entendant celui-ci comme un rêve d’avenir de Jésus et de ses disciples sans nommer tout de suite le capteur. Ce rêve raconte les aspirations à la fois de Jésus et surtout celles de ses disciples. Ceux-ci considèrent qu’ils ne peuvent pas se réaliser sans celui-là et comme lui, et cependant ils se trouvent aux prises avec la tentation de l’autosuffisance et avec des dangers leur faisant désirer à nouveau l’autre.
Dans un second temps, attardons-nous à décortiquer une part de rêve dans ce récit et la part du capteur que Jésus y offre à ses disciples. Si ce récit relate le désir d’accomplissement des disciples avec et comme Jésus, il comporte aussi une multitude de rêves. Certains d’entre eux auraient pu être souhaités non-avenus, à capter, et d’autres à considérer. Tandis que les soucis de la vie préoccupent les disciples, leur vigilance à l’exemple de Jésus peut leur servir de capteur de rêves et permettre d’en trier. Ainsi arriveront-ils à triompher des rêves piégés qui alourdissent leur cœur en se tenant debout comme et avec Jésus face à eux.
Un autre comportement des rêves, c’est parfois la difficulté d’y voir clair: la confusion. Le rêve de la condition filiale de Jésus pour ses disciples se mêle parfois au nuage de l’affolement des nations qui excluent les différences. Peut-être encore plus confus pour eux, voire déroutant et embarrassant, c’est la venue du fils de l’homme dans la nuée. Une référence subtile à la nuée dans laquelle Dieu vient à la rencontre de Moïse. En effet, la puissance et la grande gloire avec lesquelles vient le fils l’associeraient avec le Dieu tout puissant. Encore ici la vigilance des disciples peut leur servir de capteur leur permettant de renoncer à la puissance du fracas de la mer au bénéfice de la condition filiale de Jésus et de leur être disciples comme puissance de Dieu.
C’est sûr que ces rêves d’avenir semblent lointains, mais possibles et réalisables. De fait, c’est de la nature de l’avenir d’être devant et non pas dedans. Cette position devant permet de considérer ces rêves comme provenant de Dieu, susceptibles d’être accueillis et partagés; à la différence des possessions illusoires qu’on enferme en soi.
Puissions-nous considérer l’éveil et la prière parmi les priorités de nos rêves d’avenir permettant notre accomplissement d’être disciples de Jésus à l’instar de sa condition filiale. Ainsi ferons-nous de nouveaux progrès en amour à l’égard de toutes et tous, en fraternité, en accueil, en justice, en paix, en bienveillance, en bonté…
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste