22 janvier 2023 3e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 4, 12-23
« Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. »
L’obscurité provoque l’insécurité et met chacun sur ses gardes. Le même réflexe affecte le domaine des idées et des valeurs. Nous traversons une période d’obscurité, un climat qui fait durcir les opinions, accroît les rivalités et étouffe le dialogue.
Paul le reproche à la communauté de Corinthe où « chacun prend parti » : « Moi, j’appartiens à Paul.. à Apollos… à Pierre, … » Mettons la liste à jour : « Moi, j’appartiens au Pape François, moi, j’appartiens au Pape Benoît », etc.
Diversité ou division ?
Le fait d’être plus à l’aise avec le style de Paul, ou de préférer les explications de Pierre ou d’Apollos ou de s’appuyer sur les enseignements de Jésus ne fait pas problème en soi. Aujourd’hui certains aiment le style direct du Pape François et d’autres préfèrent l’enseignement méthodique du Pape Benoît, etc. On rejoint ainsi des sensibilités religieuses différentes qu’il y a lieu de respecter.
Le problème surgit lorsque le « j’appartiens à » Paul ou Pierre oppose les groupes et nourrit les divisions, alors il contredit la prière de Jésus : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »
La veille de sa mort Jésus identifie le défi principal des disciples, l’unité. L’histoire nous fournit trop d’exemples où le durcissement des opinions a conduit à la division, voire aux affrontements violents entre chrétiens.
Unité et uniformité
L’unité demeure une question de cœur et d’esprit. L’uniformité porte sur les formes, les manières de faire. Les 2 réalités ne s’opposent pas. Bien qu’on estime à tort que l’uniformité va nécessairement renforcer l’unité.
La recherche d’uniformité à tout prix étouffe la créativité. Dans notre Église, les traditions sont multiples. Le Pape Jean-Paul II rappelait que l’Église doit respirer avec ses 2 poumons, i.e. la tradition occidentale et la tradition orientale, dont les liturgies très différentes expriment une même foi.
La diversité peut stimuler la créativité. En revanche, érigée en principe et considérée comme un but, elle risque de paralyser et d’entraîner des déchirures. Dans nos sociétés nous assistons à une polarisation des opinions, accentuant ainsi les divisions. Notre Église n’y échappe pas.
L’exemple de Jésus
Jésus débute son ministère en Galilée, « terre des nations ». Il signifie que sa mission déborde les frontières d’Israël. Pour l’accompagner, il recrute des gens ordinaires, des pêcheurs, et non les spécialistes de la Tradition juive. Plus tard, il appelle des hommes aux options bien marquées. V.g. Simon le Zélote. Il appartenait à un groupe d’opposants aux Romains qui n’hésitaient pas à utiliser la violence pour appuyer leur cause. Jésus appelle aussi Mathieu, un collecteur d’impôt, détesté des gens en raison de sa collaboration avec l’occupant Romain et soupçonné d’exactions. Une seule raison peut expliquer qu’un groupe aussi disparate ait pu subsister : la personnalité extraordinaire de Jésus.
Marcher ensemble
Dans notre Église, s’affrontent des opinions divergentes et tranchées sur la gouvernance et la morale. Comment sortir de cette situation décourageante et paralysante ? Le Pape François a convoqué un synode. Une étape essentielle est franchie, celle de l’écoute mutuelle attentive et respectueuse.
Les oppositions et les tensions ne pourront être résorbées que par la présence de Jésus au milieu de nous. Le dialogue doit commencer avec Lui. Alors, entre nous, la communication sera plus féconde. Lui seul peut nous entraîner à dépasser nos divergences. Il est la lumière dont parle le prophète, la lumière qui peut redonner à notre monde une orientation claire.
Marcel Poirier, assomptionniste