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Le 14 avril 2024 3e dimanche de Pâques, année B – Luc 24, 35-48
Les dimanches du temps pascal que nous vivons en ce moment nous font revisiter le récit des apparitions du ressuscité. La liturgie insiste pour que nous passions, comme les disciples eux-mêmes, de l’incroyance à la foi, du doute à l’intelligence des Écritures. En effet, la résurrection de Jésus est au cœur de notre foi. À plusieurs reprises, Jésus avait annoncé par quelles souffrances et quelle mort il allait passer pour enfin être glorifié dans sa résurrection. Les disciples étaient restés sourds à ces annonces. Mais voilà qu’ils sont confrontés à une réalité inattendue : le Christ leur apparaît vivant et leur dit : La paix soit avec vous.
Si quelqu’un passait parmi nous ce matin et nous posait la question : qu’est-ce que la résurrection de Jésus pour vous ? Que répondrions-nous ? Il nous est difficile de préciser le fond de notre pensée. Cela demeure mystérieux. Un corps de ressuscité, ça ressemble à quoi ? Mais comme les disciples dans l’évangile d’aujourd’hui, nous sommes nous aussi envoyés comme témoins de la résurrection de Jésus. Comment être témoins si nous ne savons pas vraiment ce que cela signifie. D’où la phrase clé de l’évangile d’aujourd’hui : « Il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures ». Je préfère cette autre traduction : « Il leur ouvrit le cœur à l’intelligence des Écritures. » Je crois, en effet, que dans le domaine spirituel on ne comprend pas avec sa tête mais avec son cœur. Adhérer à une réalité de foi, c’est avec son cœur.
J’ai eu l’occasion de mieux saisir le texte d’aujourd’hui en le mettant en perspective avec l’expérience de l’éclipse du soleil de lundi dernier. J’avais pris la décision de me déplacer jusqu’en Estrie afin de voir l’éclipse dans sa totalité et je ne le regrette pas, loin de là. Ce fut une expérience d’humanité extraordinaire, tant de gens vivant la même émotion en même temps lorsque la lune s’est interposée complètement devant le soleil et provoquant ainsi non seulement la nuit totale autour de nous mais aussi en décrivant un halo lumineux dans le ciel. Spontanément, les gens se sont mis à crier de joie et à applaudir devant ce spectacle inouï et rarissime. C’était aussi en quelque sorte une expérience spirituelle devant la beauté de la création et de ses règles décrétées depuis les origines. C’était comme si nous étions invités à lever le voile sur un mystère fantastique. Il y avait tant de joie et d’excitation dans l’air, un bonheur difficile à garder pour soi.
Qu’est-ce que cela a à voir avec la résurrection, me direz-vous ? Eh bien ceci. À ceux qui n’ont pas eu la chance de se déplacer pour observer l’éclipse totale, il est difficile d’expliquer l’émotion qui était palpable à ce moment là, comme il nous est difficile d’expliquer, comme témoins de la résurrection, la joie profonde de croire que le Christ est vivant aujourd’hui et qu’il nous accompagne à chaque jour dans notre pèlerinage sur cette terre.
Lorsque Jésus ouvre notre cœur à l’intelligence des Écritures, il nous donne de voir les gens autour de nous avec son regard à lui, de comprendre les évènements de ce monde dans la perspective du plan de Dieu pour l’humanité. Alors nous comprenons pourquoi il dit aux disciples consternés : « La paix soit avec vous. » Nous comprenons mieux aussi comment il est amour et rien d’autre. Ce qu’il nous demande, c’est de répandre autour de nous cette paix et cet amour. Et si nous le faisons, nous sommes vraiment des témoins de sa résurrection.
Père Gilles Blouin, assomptionniste
Ma chair à manger