Le baptême de Jésus par Jean Baptiste
10 janvier 2021 Le Baptême du Seigneur, année B – Marc 1,7-11
«Il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : ‘Tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie.’»
Depuis quelques siècles, le peuple d’Israël déplorait l’absence de prophètes, comme si le ciel était fermé et la communication entre Dieu et son peuple bloquée. La venue de Jésus rompt le silence du ciel. Enfin, les cieux se déchirent et l’Esprit descend sur Jésus et la voix du Père se fait entendre qui désigne Jésus comme son « fils bien-aimé ». Une véritable investiture. Désormais, le Père parlera à son peuple par la voix de Jésus, comme il le faisait autrefois par la voix des prophètes.
De nos jours, chacun est porté à se forger sa vérité à partir de tant de voix souvent discordantes qui courent les rues. Il en résulte beaucoup de confusion. De sorte que l’on ne sait plus trop que croire et à qui s’attacher pour orienter sa vie ? Pourtant, et la fête du baptême de Jésus nous le redit, le ciel n’est pas fermé. Il demeure ouvert. Il nous suffit de nous tourner vers Jésus, car par Lui, le Père continue de nous parler et de nous redire son amour et Il nous trace la voie pour le rejoindre. Mais sa parole, comme toujours, demeure discrète.
La naissance de Jésus à Bethléem est demeurée totalement inaperçue. Sauf peut-être pour Hérode qui tremblait de voir en un enfant inconnu un possible rival. La population de Bethléem n’a rien su et le couple de Marie et Joseph a dû se réfugier dans une grotte.
Une même discrétion entoure le baptême de Jésus. Il se présente dans le silence et prend son rang dans la file des gens qui demandent le baptême. Jean s’en étonne et refuse, car il reconnaît en Jésus celui que Dieu envoie et qu’Il n’a besoin d’aucune purification.
Jésus insiste. En recevant le baptême de Jean, un baptême de purification, Il se fait solidaire de notre humanité pécheresse, de notre humanité en besoin de purification. Saint Paul l’affirme très clairement : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu” (2 Co 5,21).
Le geste de Jésus s’inscrit dans la logique de l’Incarnation. Jésus se fait vraiment l’un de nous et assume nos faiblesses. Pourquoi le fait-il ? Pourquoi s’abaisser ainsi ? Tous ses gestes, toutes ses paroles expriment le projet d’amour du Père : sauver le monde. Les textes abondent qui nous le répètent : « Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. 17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Jn 3, 16-17 Tob
Paul l’affirme en se l’appliquant à lui-même : « Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis, moi, le premier. » 1Tm 1,15 Tob Une phrase que chacun de nous peut reprendre à son compte. Si nous la méditons, alors le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres changera. Nous arriverons peut-être à voir le monde à travers les yeux de Dieu dont le seul désir est de nous tirer de notre condition limitée pour nous partager la sienne.
Nos gouvernants ont décrété un temps de confinement assorti d’un couvre-feu. Nous pouvons nous y soumettre passivement en attendant que passe la tempête. De toute manière, nous n’avons pas le choix. Et si ce temps de retraite forcée ou de « discrétion » pouvait servir à notre croissance ? Comment convertir nos difficultés, nos épreuves, en occasion de renaissance, de croissance en humanité ?
Nous traversons une période difficile, déroutante : nous avons perdu bon nombre de nos points de repère et notre patience est mise à rude épreuve. Nous sommes forcés de chercher d’autres pistes, d’inventer de nouveaux chemins.
Nombreux sont ceux et celles qui affirment qu’il y aura un « avant » et un « après » Covid-19. Peut-être. Mais la tentation de revenir à nos vieilles habitudes sera forte. Notre individualisme n’est qu’endormi.
Avons-nous appris quelque chose depuis mars 2020 ? À ceux et celles qui seraient portés à reprendre leurs vieux réflexes, le Seigneur nous met en garde : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? » Ce qui auparavant nous laissait sur notre faim ne va pas soudainement devenir nourrissant et tonifiant. Éclairés par la Parole de Dieu, nous pourrons découvrir ce qui nous fait vivre, car, le Seigneur le déclare : « Mes pensées ne sont pas vos pensées et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est levé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. »
Profitons de ce temps de vie au ralenti pour identifier ce qui nous a vraiment fait vivre durant ces derniers mois. Depuis les débuts de la pandémie, nous avons su faire preuve d’imagination et de créativité. Nous avons été témoins de gestes admirables de dévouement. Dans tout ce qui s’est fait, sachons reconnaître ce qui nous a inspirés et nourris intérieurement, ce qui nous est apparu comme essentiel.
Déjà nous pouvons identifier l’importance de nos liens affectifs et la nécessité de les entretenir. L’accès limité aux lieux de culte a laissé entrevoir notre besoin de nourriture spirituelle, partagée avec d’autres. Etc…
Prions l’Esprit qui est descendu sur Jésus au moment de son baptême. Qu’il nous ouvre les yeux sur ce qui est essentiel et nous stimule à vivre notre propre engagement baptismal d’une manière renouvelée !
Marcel Poirier
Lectures et homélie du P. Marcel Poirier en vidéo (Eucharistie du 10 janvier 2021 transmise par zoom)
L’ÉCOUTE ET LA LOYAUTÉ ENVERS DIEU COMME GAGE DE NOTRE SALUT