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À plusieurs reprises, nous avons entendu le Premier Ministre d’Israël comparer, devant les caméras, le massacre du Hamas au 11 septembre 2001 pour les américains. Il entendait par là que la riposte de l’armée serait aussi comparable à celle des États-Unis après l’écrasement des tours jumelles new-yorkaises. On se rappelle que le Président Bush avait lancé une guerre atroce contre l’Irak et l’Aphganistan. Fallait-il commettre la même erreur : une réponse disproportionnée? Éradiquer le Hamas, selon son expression, ne serait-il pas plutôt planter des semences de haine qui feront surface dans moins de 10 ans. Parce qu’il y aura un après Gaza.
Malgré la douleur des familles qui ont perdu un être cher dans ce massacre et les enlèvements, les années qui viennent risquent d’apporter un goût amer dans la lutte de pouvoir qui a été déclenchée: davantage de haine et de malentendu entre les cultures et les nations. J’ai bien peur que tout le monde soit perdant.
Au cours des 20 dernières années, la sécurité a été une priorité dans tous les domaines. C’est la nouvelle idéologie. Les gens ont obéi en pensant que ce devait être la bonne décision que les gouvernements ont prise après les événements new-yorkais. Nous avons donc accepté que nos vies soient complètement changées par souci de sécurité. Voyager, par exemple, était jusqu’alors une chose agréable, mais maintenant, avec ce qu’il faut traverser dans n’importe quel aéroport, c’est devenu un cauchemar : on passe trois contrôles de sécurité avant même d’apercevoir un avion. Vous avez peut-être perdu aux mains des agents de sécurité une bouteille de shampoing, un tube de dentifrice, un parapluie (une arme possible comme aussi votre coupe-ongles) et votre crème à raser à la saveur de citron. Il faut aussi enlever sa ceinture, passer pieds nus l’élément de sécurité sophistiqué, se faire fouiller manuellement ou, à certains endroits, être scanné jusqu’à la chair. Pas agréable du tout!
Plusieurs personnes gagnent beaucoup d’argent au chapitre de l’insécurité. Au Québec, les compagnies d’assurance sont florissantes depuis longtemps : on peut assurer à peu près tout contre n’importe quelle menace possible… à condition de payer. Vous disposez d’une assurance automobile contre les accidents (couverts des deux côtés), contre les voleurs, contre les dommages causés aux biens de votre voisin. Votre maison est assurée contre l’incendie, contre les calamités, contre le vol. L’assurance maladie est nationalisée et vous payez pour ce service chaque fois que vous achetez des cigarettes, de l’essence, de l’alcool, des vêtements et des services comme le garagiste, le dentiste, l’avocat, etc. Quelqu’un a récemment été condamné à une amende pour avoir conduit une voiture de location sans siège de sécurité pour son bambin de 3 ans.
Les êtres humains sont simplement faits ainsi : les émotions négatives comme l’insécurité, la peur, la colère sont difficiles à contrôler et peuvent faire ressortir le pire chez une personne. Certains sont prêts à l’exploiter à l’échelle personnelle ou au niveau politique. On assiste partout à une montée de la xénophobie et les lois sur l’immigration sont renforcées ici et là. Avons-nous appris quelque chose des conséquences du 11 septembre 2001? La sagesse, le courage, la compassion, la solidarité ont tout simplement un meilleur goût que la vengeance, le pouvoir, la haine. Un goût d’évangile peut-être.
« Le Seigneur est mon berger ; je ne manque de rien. Regardez les oiseaux dans le ciel et les lis dans les champs… Le Père céleste pourvoira à tous vos besoins : recherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice ; le reste vous sera donné en abondance. » Le Psalmiste chante : « Seigneur, tu es mon bouclier ; comment pourrais-je avoir peur ? » Il est rafraîchissant de voir ce que la parole de Dieu oppose à l’insécurité que nous pouvons rencontrer dans notre vie quotidienne. En effet, quand on y pense, c’est un bon investissement dans le bonheur que de lutter contre l’insécurité et de faire place sans réserve à la confiance, à la joie simple, à la franchise, à l’ouverture et au souci des autres.
P. Gilles Blouin. assomptionniste et éditorialiste au Montmartre
Quand espérer un salut c’est croire