Ces derniers jours, il me fut accordé une grâce très particulière. J’ai été invité à prêcher une retraite à Saint-Benoît-du-Lac, abbaye bénédictine renommée pour son architecture, sa foi, son chant et sa musique, et aussi … pour ses pommes, son cidre et ses fromages. On pourrait même dire : une abbaye rejoignant l’être humain sous tous ses angles.
Cette retraite portait sur « L’Espérance qui transfigure ». L’atmosphère pour une telle réflexion s’est avérée propice : silence, calme, absence de touristes. Un temps et un espace juste pour Dieu et la présence communautaire de proximité. Les frères moines m’ont inspiré tout au long de mon séjour par leur bienveillance aimante qui vient de Dieu et dont l’Écriture nous parle à chacune de ses pages.
En ce temps de pandémie qui n’en finit plus de finir, l’espérance est notre planche de survie. L’espérance n’est pas l’optimisme et la pensée positive à tout prix. Elle s’enracine dans la Présence de Dieu, des autres et dans la présence de soi-même à soi-même. Reconnaissons que nous sommes souvent absents de notre présent et que notre esprit divague dans des réalités qui n’en sont pas toujours. L’Espérance, elle, s’enracine dans la présence de l’Autre et nous confère à la fois le sens et le parfum de notre humanité.
L’Espérance nous donne à goûter à la profondeur et à l’épaisseur du temps. Elle nous porte vers un temps de l’à-venir et le temps de l’ad-venir. Dès à présent, elle oriente notre vie et nous interdit de nous résigner au pire, à la défaite ultime et à la prévalence définitive des ténèbres. Voyons ce qu’en dit Catherine Chalier, dans un de ses livres : « L’être humain doit défier le néant du chaos parce qu’il y a dans l’être humain quelque chose qui défie le néant : l’image de Dieu »,
Cette réalité de la Présence de Dieu au plus profond de nous, c’est cela que nous sommes invités à contempler en permanence. C’est ce que j’ai contemplé et admiré chez les moines de Saint-Benoît-du-Lac, et c’est ce que nous essayons de faire, je l’espère, dans notre communauté chrétienne. Il est vrai que nous ne réussissons pas toujours, mais, franchement il faut le dire, qu’on le réussit aussi. Et c’est dans ces moments que l’autre illumine notre quotidien, parce que la musique de la grâce de Dieu incarné transforme et transfigure tout notre être.
Les moines de Saint-Benoît-du-Lac chantent extrêmement bien. Leur chant est rythmé, posé, pas très fort, mais toujours audible. L’harmonie de différentes voix! Le Père Abbé, Dom André Laberge, est le maître du clavecin et de l’orgue. Si l’occasion se présente, n’hésitez pas à profiter de ses concerts et de ses enregistrements. Quand on participe à l’office ou quand on entend jouer Dom Laberge, on ne peut s’empêcher de penser à cette merveilleuse étreinte de dialogue intérieur et extérieur entre Dieu et l’être humain, et entre les humains dans notre cheminement de vie.
Quand nous faisons cela avec le feu de l’amour, un horizon nouveau s’ouvre en nous. Le Cardinal Carlo Maria Martini l’exprime ainsi : « Par l’espérance, l’aujourd’hui s’ouvre à l’horizon de l’éternité et l’éternité vient planter sa tente dans l’aujourd’hui. Grâce à l’espérance, le temps mesurable (celui qui ne finit jamais, qui est toujours trop bref…) devient temps qualifiable, heure de grâce, temps favorable, aujourd’hui de salut, heure goûtée dans la paix ».
Alors, pour espérer, pour vivre cette heure de grâce, même en temps de pandémie, quelle présence musicale, quelle présence humaine ou divine allons-nous accueillir dans notre vie cette semaine? Gardons ouvert notre cœur!
BONNE SEMAINE À TOUTES ET À TOUS!
Édouard Shatov
Le don au cœur de la Trinité