28 février 2021 2e dimanche de Carême, année B – Marc 9,2-10
Lectures de ce jour
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » – voici la question qui nous est lancée tout au long de notre vie. Pour méditer sur cette question, l’Évangile de Marc nous invite à nous plonger dans le mystère de Dieu, dans le mystère de la Transfiguration de Jésus. « Et si Dieu est avec nous, comment sa présence se manifeste au quotidien ? » – voici une autre question qui surgit pour nous interroger aujourd’hui et nous aider à cheminer.
Le Questionnement de la Présence
Tout au long de son ministère public, Jésus invite ses disciples, ainsi que chacun et chacune d’entre nous, à faire des déplacements. Nous sommes invités à réaliser que Dieu en qui nous croyons n’est pas un Dieu statique, un Dieu figé. C’est un Dieu en mouvement, c’est un Dieu dynamique, c’est un Dieu de surprises et de l’imprévisible. Le premier imprévu se passe juste avant la scène de la Transfiguration que nous raconte l’Évangile de Marc de ce dimanche. Quelques jours avant le récit de la Transfiguration dans le chapitre huit de l’Évangile de Marc, au cours d’un temps de prière avec ses disciples, Jésus leur a posé la question cruciale : « Qui suis-je pour vous ? » Pierre a su répondre : « Tu es le Messie – de Dieu ». Mais ce Messie ne se présente pas comme on s’y attendait. Il se présente comme un total imprévu. Il annonce sa gloire, mais aussi sa souffrance et sa mort. C’est dans ce mystère paradoxal que Jésus introduit ses disciples et nous aussi avec eux. Pour faire un déplacement de la compréhension, il faut changer notre perspective du regard. Pour cela il faut nous déplacer, nous déplacer intérieurement – il nous faut « lever les yeux », élever notre regard. Pour élever notre regard d’une manière très simple, il nous faut nous élever dans la hauteur.
L’Élévation de la Présence
Une deuxième surprise est la scène de la Transfiguration que l’Évangile nous présente ce dimanche. Six jours après, nous dit Marc, Jésus conduit ses disciples Pierre, Jacques et Jean sur la montagne. La montagne dans l’Écriture est le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu de l’élévation intérieure. Cette réalité de la montagne met en relief la réalité de la révélation de Dieu, comme la révélation de Dieu au Sinaï. Nous sommes moins étonnés, du coup, de la présence de Moïse et d’Élie aux côtés de Jésus. Quand on sait que Moïse a passé quarante jours sur le Sinaï en présence de Dieu et qu’il en est descendu le visage tellement rayonnant que tous en furent étonnés, comme nous le dit le livre de l’Exode au chapitre 34 : « Quand Moïse descendit de la montagne, la peau de son visage rayonnait ». Quant à Élie, lui aussi « marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb », et là il a eu la vision de Dieu dans une brise légère. Ainsi, les deux personnages de l’Ancien Testament qui ont eu le privilège de la révélation de la gloire de Dieu sur la montagne sont également présents lors de la manifestation de la gloire du Christ.
Écoute de la Présence
« Avoir un visage rayonnant et un cœur qui écoute » – voici deux éléments que la réalité de la Transfiguration révèle à chacun et chacune d’entre nous. Notre vie est appelée à être rayonnante, et notre cœur, qui anime la totalité de notre vie, est appelé être ajusté à la tonalité de Dieu, à cette tonalité qui nous façonne et nous soutient. L’écoute est un élément d’une extrême importance. Ce n’est pas par hasard que dans la nuée lumineuse de la Transfiguration, la voix du Père supplie : « Écoutez-le ». Ces deux mots, « Shema Israël », pour des oreilles juives, sont tout un programme. « Écoute Israël », c’est la profession de foi quotidienne. C’est le rappel du Dieu Unique à qui Israël doit sa libération. Cet « Écoutez-le » n’est pas un ordre donné par un maître exigeant ou dominateur, mais une supplication et cela signifie juste : « Faites-lui confiance ». « Écoutez-le », c’est un appel que Dieu seul peut se permettre de prononcer. C’est une allusion à la promesse que Dieu a faite à Moïse de susciter à sa suite un prophète. Mais il faut bien remarquer que cette vision de Jésus transfiguré n’est pas donnée à ces disciples privilégiés pour qu’ils s’installent à l’écart du monde et de ses problèmes.
Il faut descendre dans la plaine, car le projet de Dieu ne se limite pas à quelques privilégiés sur la montagne. Au dernier jour, c’est l’humanité tout entière qui sera transfigurée. Toutefois, comme les disciples, nous aussi, nous sommes invités à cheminer en écoutant et en posant les questions sur les réalités que Jésus nous révèle, comme le dit l’Évangile « tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». Alors comme le dit le Psaume 113 chacun et chacune d’entre nous pourrions dire en pleine confiance : « Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants. »
Édouard Shatov
L’exigeante joie du carême