12 juillet 2020 15e dimanche du temps ordinaire A – Matthieu 13, 1-23
Sortir ! Ce mot sonne si étrange en temps de confinement et si familier grâce au Pape François. Jésus sort de la maison pour raconter des paraboles à ses disciples. Le Semeur sort pour semer la Parole. En notre temps il est nécessaire de nous poser la question c’est quoi exactement le sens du « Sortir pour semer ». L’évangéliste Mathieu nous invite à le faire au treizième chapitre de son Évangile.
Le Chemin de la Générosité
Tout d’abord il faut nous dire que le semeur dans l’histoire que Jésus nous raconte ne nous révèle aucune intention de son acte. Il sort pour semer parce que tout simplement il sort pour semer. L’intention de son action ne nous a pas été révélée. Ou presque le contraire ! C’est comme si le fait de semer révélait l’intention elle-même, comme si ce fait de semer était significatif en lui-même. Peut-être, peut-on dire, qu’en raison de l’absence d’intention mentionnée, on pourrait dire que l’intention du semeur se révèle elle-même comme une espèce de désintéressement. Si le semeur sort pour semer c’est tout simplement parce qu’il est libre, désintéressé et généreux. Le Semeur de la parabole est une personnalité généreuse parce qu’il n’a pas d’autres intérêts que celui de semer la Parole, la semence de vie, et cela peu importe le contexte : au bord du chemin, sur le sol pierreux, dans les ronces, mais aussi dans la bonne terre.
Le chemin de la Simplicité de l’Être
Il est important de souligner que la générosité et le désintéressement sont les dispositions de l’être qui donne naissance au véritable travail, à l’action libre et créatrice. C’est cette même générosité de l’être qui est libératrice vis-à-vis des différents contextes de la vie. Le bord du chemin, le sol pierreux, les ronces ne reprochent pas de ne pas porter de fruit, ou de faire faillite à cette fructification espérée. Jésus constate tout simplement que les réalités de notre vie ne portent pas de fruit de la même manière. Ce n’est pas le bord du chemin, ni le sol pierreux ni les ronces qui portent du fruit. Si nous voulons porter du fruit il nous faut repérer la bonne terre, celui ou celle qui entend la Parole et la comprend. Les actes de semer, de l’entendre et de comprendre la Parole se sont les actes de la générosité de cœur et de l’être humain parce que rien ne nous oblige à les accomplir. Il faut juste se poser et prendre le temps de le faire !
Le chemin du Changement et de la Liberté
Prendre et donner du temps – c’est très libérateur. On se pose et on se repose. Ce repos nous donne la perspective de nos vies et nous libère de tout ce qui est superficiel pour nous recentrer sur ce qui est essentiel. Ce repos crée et nous fait reconnaître un élément majeur de notre vie – « la joie de vivre ». C’est la joie, qui se manifeste dans la générosité et le désintéressement, qui fait que les choses sont créées et qu’elles existent. C’est cette « liberté d’être » qui nous fait sortir du néant, de l’esclavage, de la dégradation de notre être et de tout ce que nous faisons avec plus ou moins de succès, parce que les choses et les êtres ne sont pas vues et vécues à travers leur « utilité », mais à travers leur essence et leur sens. Nous sommes invités à reconnaître que toute chose dans ce monde, comme tout être, nous avons une vocation à « répondre » et à accomplir.
Jésus dans la Parabole du Semeur nous révèle que nous sommes appelés à nous convertir, ce qui littéralement veut dire « changer le sens de la direction de notre vie ». Nous sommes invités à nous tourner toujours vers le Vrai, vers le Beau et le Bien. Si nous voulons « sortir » dans notre vie, au-delà de tous les obstacles et de tous les dangers qui nous entourent, il nous faut tout simplement avec l’aide de l’Esprit Saint être toujours un peu plus désintéressés et généreux. Comme chrétiens nous sommes appelés à être, et à devenir toujours un peu plus généreux et désintéressés. Alors, la Parole portera du fruit en notre terre, et tout notre être sera un être libéré, un être de liberté.
Édouard Shatov
La Dignité de la Diversité