Les coups de foudre ! Ils sont nombreux dans la vie! Citons-en quelques-uns : coups de foudre amoureux, musicaux, intellectuels, scientifiques, alimentaires, spirituels … et tant d’autres! Ces jours-ci, j’ai vécu un véritable coup de foudre de réflexion suscité par le livre d’Isabelle de Gaulmyn, publié récemment aux éditions Novalis. Son titre étonne et provoque : « Les cathos n’ont pas dit leur dernier mot ». VRAIMENT?
Isabelle de Gaulmyn est une journaliste française, une femme passionnée de vérité et de justice. Voilà qui l’a amenée à s’engager dans un long combat aux côtés des victimes d’abus sexuels dans l’Église. De plus, elle s’investit comme rédactrice en chef d’un des grands quotidiens de France : « La Croix », après en avoir été l’envoyée spéciale à Rome de 2005 à 2009. Régulièrement aussi pouvons-nous profiter de sa présence au Québec.
Tout en reconnaissant « l’exculturation » de nos sociétés, c’est-à-dire la sortie d’une société dans laquelle le Christianisme constituait la culture commune d’une société, Isabelle de Gaulmyn se pose la question suivante : « Qu’est ce que c’est qu’être, aujourd’hui, un catholique ‘ordinaire’ ? Non pas un super héros, homme ou femme, mais un croyant vivant sa foi le plus profondément possible, au quotidien, dans ce contexte de « l’exculturation » ? Pour répondre à cela, elle rencontre moult personnages: les priants et les priantes engagés dans la justice sociale ou dans le monde des affaires, pour susciter une réflexion et une action comme croyants baptisés.
Lors de son pèlerinage, en quête du catholique ‘ordinaire’, elle nous rappelle que « l’Évangile est, de fait, avant tout, l’apprentissage de la vie ». Elle poursuit encore : « L’Église est appelée à être tout; le lieu de l’autonomie, de l’amitié et du dépassement de soi » … et que la foi est école de vie et de liberté. Elle ne mâche pas ses mots et nous parle du rôle des hommes et des femmes dans l’Église, de sexualité, d’écologie, d’éthique professionnelle et relationnelle. Elle attire notre regard vers les beautés de l’Église, parce que les catholiques ‘ordinaires’ font l’Église sans ignorer ou maquiller nos véritables misères individuelles et communautaires.
Elle constate que l’Église est un TISSU ABÎMÉ. Toutefois, Isabelle de Gaulmyn ne perd pas espoir. Cette espérance, pour nous croyants ‘ordinaires’, elle la décrit d’une manière si élégante et si engageante : « Dans un monde en mutation, le chrétien est là pour co-créer avec Dieu et non pour conserver… ». Presqu’une déclaration d’amour au temps des coups de foudre …
Ce livre nous informe que nous sommes une « communauté inachevée » … que nous sommes toujours et encore en mouvement, en pèlerinage dans cette vie. Puissions-nous mettre en actes nos convictions et, dans nos expériences personnelles et communautaires, être des ateliers de formation et des laboratoires d’actions !
En citant une personne qu’elle a rencontrée, elle nous provoque. : « L’Église catholique a toujours fait fausse route en voulant « un monde chrétien » …. Ça vaut le coup de réfléchir à cette affirmation-provocation. Elle nous invite à retrouver notre juste place et à adopter le « style chrétien » : un rapport unifié à la terre, à un lieu, aux autres, à soi-même et à Dieu.
Dans son édito de la semaine dernière, Monique Lortie nous a conviés à entrer dans une réflexion sur ce qui se passera après le passage de la COVID-19. Isabelle de Gaulmyn nous amène également à méditer quant à notre vie d’intériorité et à notre vie en communauté croyante. L’auteur poursuit : « L’espérance n’est chrétienne que dans la mesure où elle peut prendre en compte cette gravité de la vie, ce poids de la souffrance et de la mort ».
Les coups de foudre transportent toujours avec eux des éléments de gravité et peuvent susciter un intérêt certain. Je veux croire et espérer que le miens sème un appétit en votre âme.
Bonne lecture du livre d’Isabelle !!!
Édouard Shatov