Parlant de l’éducation et de la culture, quelqu’un dont je ne me souviens plus le nom aurait dit : « Le niveau monte ». Mais il ne fallait pas se tromper sur le sens de ses mots ; en réalité ce dont notre auteur parlait, c’était du niveau généralisé aujourd’hui de l’inculture et du manque d’éducation. Or, en vrai, ce niveau monte. Dangereusement. À la vitesse, aurait pu dire l’auteur de ces mots s’il avait été Québécois, de la rivière qui sort de son lit dans la Beauce. Et de même que les eaux pourrissent et détruisent tout dans leur débordement, ainsi le manque de culture pourrit et détruit tout dans la civilisation durement acquise au fil des siècles. Je n’argumenterai pas là-dessus, les faits parlent d’eux-mêmes à quiconque lit les journaux, la dernière bourde étant celle de Madame Gabrielle Bouchard, la présidente de la Fédération des Femmes du Québec : « Il est peut-être temps d’avoir une conversation sur l’interdiction et l’abolition des relations de couple hétérosexuelles », a-t-elle écrit sur Twitter le 28 janvier dernier ; en ajoutant pour preuve que « les relations de couple hétérosexuelles sont vraiment violentes ». Et, n’en ratant pas une, elle ajoute que « la majorité de ces relations sont basées sur la religion ». L’occasion était belle ! Ben voyons ! Et bien sûr, la distinguée présidente désigne par religion, la catholique, celle qui a traversé, et traverse encore toute la culture québécoise. Et l’occidentale.
Dans le même temps, je suis tombée sur un livre étonnant écrit par un type étonnant : le Dictionnaire amoureux des papes, de Bernard Lecomte, journaliste politique, et grand reporter à l’Express, rédacteur en chef du Figaro Magazine, en France, sans parler de son passage au journal La Croix comme chef de service. Bernard Lecomte est aussi un écrivain prolifique sur des dossiers soigneusement fouillés. Son approche m’a plu dès les premières pages. « À l’heure où nos médias s’épuisent à relater les petits travers de nos ‘ministricules’ vite nommés, vite oubliés, je suis frappé de constater le manque d’intérêt de nos confrères pour cette mine d’or journalistique que constitue le Vatican : deux mille ans de jeux d’influence, de définitions dogmatiques, de schismes planétaires, de guerres incessantes, de luttes de pouvoir, de dérives financières, de disputes théologiques, d’inventions morales », et aussi « de prouesses artistiques, de gestes de paix, d’événements médiatiques et de mystères insolubles ! » Cette longue liste rappelle « ce que l’actualité doit parfois aux religions ».
Mais, avant de dire candidement que la religion (catholique) est responsable de la violence dans les couples hétérosexuels, il aurait fallu, à Gabrielle Bouchard, plus de culture, plus de connaissance du rôle politique (au sens noble du vivre ensemble) des papes catholiques et du Vatican. Ce lieu de pouvoir où, selon Bernard Lecompte, « on ne cesse d’y rencontrer des figures romanesques, des hommes hauts en couleur, des destins incroyables, des intelligences éblouissantes, et aussi, parfois, ajoute-t-il, des personnages merveilleux. » Tout sauf la platitude que Madame Bouchard évoque.
Je ne suis pas groupie des papes et du Vatican mais l’ampleur, dessinée par l’auteur du Dictionnaire amoureux des papes, d’une institution bimillénaire impose respect ; et surtout, sans nul doute, discernement. Culturels, à tout le moins. Voilà ce que notre brave présidente de la Fédération des Femmes du Québec aurait pris en compte si elle eût eu, comme disait Cyrano, « plus de lettres et d’esprit ».
Monique Lortie
lortie.monique@gmail.com