Si vous vous promenez dans la ville ces jours-ci, vous verrez des couronnes de sapin et des cierges qu’on allume progressivement au fil des jours. On donne à ces couronnes le nom de « Couronnes de l’AVENT », et les cierges, en général au nombre de quatre, complètent le décor. Pourquoi allume-t-on quatre bougies au temps de l’AVENT, et quelle est la signification de ce geste?
Explication fort simple. Lors du temps de l’AVENT, nous attendons le Messie, sauveur du « monde » : il s’agit du cosmos, de la nature, de chacun et chacune de nous personnellement.
La lumière représente la venue de Jésus en nous-mêmes. Cette lumière pénètre notre intériorité et transfigure le monde autour de nous, ce monde qu’on peut aussi appeler « notre extériorité ». Cette lumière jaillit et augmente au fil des jours, nous permettant de conserver un regard aiguisé qui nous tire de nos ténèbres sans nous aveugler. Elle nous révèle les profondeurs du temps de l’attente et de l’accueil.
Ce temps d’accueil de l’autre n’est pas toujours évident. L’autre constitue un mystère toujours à découvrir et souvent inatteignable.
Il y a quelques jours, nous avions une rencontre autour du livre de Gilles Routhier et de Claudio Monge : Oser l’hospitalité, publié chez Bayard France il y a quelques jours. Ce livre profondément touchant, comme notre rencontre d’ailleurs, a mis en évidence un défi si simple et si difficile à comprendre et à accepter : « Si on avale l’autre, on élimine cette distance qui me permettrait d’entrer en relation avec lui. En effet, l’autre devient alors une partie de moi-même que je n’arrive même plus à distinguer parmi les autres traits qui me définissent ».
Le défi de l’être humain, pour rester toujours humain sans se déshumaniser, est précisément là : ni se fondre dans l’autre, ni avaler l’autre, mais demeurer en dialogue avec l’autre; un dialogue où les deux partenaires font face aux défis et traversent une mutation, une transfiguration et une élévation. Comme l’écrivent les deux auteurs cités : « L’hospitalité sacrée par excellence ne demande pas une carte d’identité. Cela signifie qu’il faut accepter le risque. C’est un saut dans l’inconnu. C’est une prise de risque énorme au nom de l’humanité. D’ailleurs, la véritable hospitalité sacrée n’est pas censée dévoiler l’identité de l’autre dans la mesure où l’autre ne veut pas la partager. Elle accepte tout simplement d’introduire l’autre dans son espace, cet espace où réside l’intime. À travers l’hospitalité, nous mettons à la disposition de l’autre ce que nous sommes ».
En ce temps de Noël, Dieu s’invite chez nous. Le temps de l’AVENT nous aide à nous préparer à une telle rencontre. « Cela signifie qu’on n’est pas humain par essence, puis hospitalier, mais que l’être ‘hospitalier’ est une dimension constitutive pour être pleinement humain ».
Puissions-nous devenir toujours plus humains et rayonner toujours un peu plus de lumière divine ! Faisons une couronne, allumons une lumière, faisons un sourire, ouvrons notre porte !
Édouard Shatov
EN SON ABSENCE