Après une légère pause, penchons-nous et réfléchissons sur les deux mouvements de l’esprit de notre être. Ce sont la magnanimité, la noblesse de tout notre être, et l’humilité.
Voilà deux mouvements bien particuliers de notre personne. Concernant les mouvements du corps et du cœur, sur lesquels nous nous sommes déjà arrêtés, il s’avère exact qu’ils peuvent être modelés par notre effort humain et par la maîtrise de nos désirs et de nos inclinations. Quand il s’agit de magnanimité et d’humilité, cela ne suffit pas. Ces derniers mouvements représentent le travail de Dieu sans lequel notre propre effort ne suffirait pas à leur accomplissement. Ces mouvements sont difficiles à discerner et sont mêlés à la vertu.
La magnanimité qui nous habite est toujours mise à l’épreuve par la vanité. Le mot « vanité, vaine gloire », veut dire littéralement « la réputation vide ». Ainsi le disaient les Pères et Mères du désert : « là où il y a la vertu, la vanité ne dort pas ». Même en faisant le bien, la complaisance, le narcissisme et l’admiration de soi-même nous guettent. La magnanimité et la noblesse de notre être font le bien en raison du bien. La vanité sème le désir futile d’être loué. La vanité nous chuchote : « regarde comme tu es bien ; et il n’est pas normal que les autres ignorent ta bienfaisance ! ».
Pour acquérir cette valorisation, la volonté prend dans notre vie quotidienne l’apparence du besoin d’être toujours très occupés, d’avoir un agenda rempli et de connaître des contacts sociaux valorisants. Si ce n’est pas le cas, nous nous sentons inutiles et privés d’importance. Nous devenons alors des prisonniers de l’opinion de l’autre.
La magnanimité du cœur et la noblesse de l’être nous invitent à une autre position. S’enracinant dans notre sanctuaire intérieur, cette disposition fait découvrir le bien pour sa valeur intrinsèque. Elle nous pousse à réaliser les actions justes par amour et par vertu. Faire le bien parce que c’est le bien, en tenant compte de l’opinion de l’autre sans jamais en devenir prisonniers. Alors, nous connaissons la véritable liberté.
C’est en ce moment qu’intervient l’orgueil, dernier obstacle à notre accomplissement, car si l’orgueil surgit, il suscitera notre chute.
À suivre lors de mon prochain édito.
Édouard Shatov