Le 16 février 2025 6e dimanche du temps ordinaire, année C – Lc 6, 17.20-26
«Heureux, vous les pauvres, … vous qui avez faim, … qui pleurez… » Jésus s’adresse à ses disciples; ils ont tout quitté pour le suivre. Ils se sont faits pauvres. Ils s’abandonnent à lui car Il ne va rien leur prendre. Jésus nous apprend à ne rien posséder ou plutôt à n’être possédé par rien. On peut alors accueillir les autres sans les dominer ou les appauvrir. La foule qui l’écoute, composée de gens de modeste condition, se reconnaît dans ses paroles.
Message libérateur
Dans la mentalité israélite, la richesse est perçue comme une bénédiction de Dieu. Et la pauvreté? Plusieurs la recevaient comme une malédiction ou un non-amour. Jésus les rassure, car ce n’est pas le cas.
De même, on interprétait les épreuves comme la conséquence d’une faute, voire d’un péché. Mentalité qui perdure: «qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu?» Là encore, Jésus le répète: l’amour du Père ne se dément pas.
Jésus révèle que la vie humaine ne s’enferme pas dans le présent. Le Règne de Dieu fera éclater les limites trop étroites de nos vies pour les faire entrer dans la vie même de Dieu, i.e. une vie libérée des limites de temps ou d’espace. Mieux encore, une vie où l’amour illimité du Père nous réchauffera le cœur.
L’avenir incertain
Par les temps qui courent, les sujets de préoccupation abondent: guerre, réchauffement climatique, crise économique et politique. Où va notre terre? En le répétant à satiété, les médias entretiennent l’inquiétude. Or Jésus déclare «heureux» les pauvres, ceux qui pleurent, etc. Dans sa bouche les mots «heureux et malheureux» ne sont évidemment pas des souhaits. Ils sont un constat: le mot «heureux» confirme que les pauvres, tous les affligés, sont sur la bonne voie: le vrai bonheur ne leur échappera pas.
Par contre, le mot «malheureux» signale une voie qui détourne du bonheur ultime, en s’attachant à des réalités éphémères. «Le bonheur, dit-on, ne consiste pas à obtenir ce que l’on désire, mais à apprécier ce que l’on a.» Quelle sagesse! Certaines expériences, certains biens comblent de satisfaction. À ne pas mépriser. Mais sans oublier que tout cela passe et surtout que nous sommes faits pour beaucoup plus. Les béatitudes tracent le portrait de Jésus, un homme heureux en dépit de l’échec apparent de sa mission.
L’horizon: le bonheur dans le Royaume
«Heureux, vous les pauvres!» La béatitude trace un chemin. Dieu ne s’est pas manifesté avec puissance, mais dans la faiblesse de la crèche. La vie de Jésus s’achève au Calvaire, un échec flagrant. Or de la mort il a triomphé en ressuscitant.
L’horizon du bonheur que révèle Jésus, c’est le Royaume, c’est-à-dire la communion à la vie du Père. Devenir disciple, ce n’est pas se rapetisser, mais se grandir. Jésus nous invite à ne désirer rien de moins que l’infini.
Marcel Poirier, a.a.
Quand espérer un salut c’est croire